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Comment les stéréotypes sur les capacités intellectuelles d'un élève influence-t-ils ses résultats académiques? (Thèse)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 03 mai 2010.

"Les femmes possèdent de moins bonnes aptitudes mathématiques que les hommes"; "Les hommes sont moins capables de gérer leurs affects que les femmes"... Dès leur plus jeune âge, les enfants sont confrontés à des stéréotypes négatifs, y compris dans les ouvrages utilisés à l’école: les albums de jeunesse et les manuels scolaires. Sylvain Max consacre une thèse aux conséquences des stéréotypes liés aux capacités intellectelles sur les performances scolaires de certains groupes. Pour lui, une performance à l'école n’est pas l’exact reflet d’une aptitude. Elle peut dépendre de différents facteurs: le contexte et le format des évaluations (les QCM favoriseraient les garçons), les croyances sociales (exemple de croyance: les femmes seraient moins douées en Sciences), les croyances individuelles (les réussites et les échecs antérieurs d'un individu influenceraient son  sentiment d’efficacité personnelle, et en filigrane, ses résultats): "Croire qu’une performance est uniquement déterminée par les aptitudes de l’élève reviendrait à adopter une conception unidimensionnelle de la sphère cognitive expurgée de ses éléments de contexte" et donc à méconnaître le rôle des facteurs externes dans les situations d’évaluation". En résumé, les individus seraient amenés à réguler leurs comportements et leurs motivations en rapport avec les résultats potentiellement attendus d'eux. L'enjeu est de taille, souligne la thèse, particulièrement en France où l'orientation des élève dépend majoritairement des évaluations. "Le principe d’égalité des chances consiste à lutter contre les discriminations en faisant en sorte qu’à l’école, l’appartenance à un groupe social stigmatisé n’entre pas en jeu dans les processus d’orientation et de sélection des élèves".

Sylvain Max évalue différents types de croyances:

-Les stéréotypes sociétaux. "Ces "images dans la tête", ont un impact bien réel sur les performances cognitives, sociales et sensorimotrices de ceux qui en sont la cible". Les femmes à qui on rappelle les stéréotypes négatifs sur les performances féminines en sciences  avant un examen en maths ont, par exemple, de moins bons résultats au test que celles qui ne le subissent pas. Cela s’expliquerait en partie par l’augmentation de l’inquiétude lors du test.

-Un deuxième type de croyance serait lié à l’histoire personnelle de l’individu et non à une identité sociale particulière. Des recherches montrent qu'à des tests, les élèves identifiés comme "bons élèves" réussissaient mieux que les élèves identifiés comme "moins bons élèves". Par ailleurs, certaines tâches viendraient plus particulièrement menacer l'identité personnelle de l'élève. Par exemple, un élève dit "moins bon en mathématiques" verrait son identité personnelle menacée lorsqu'il serait mis en situation de passer des tests en mathématiques.

Comment lutter contre les effets délétères qu'exercent les stéréotypes négatifs en situation d'évaluation sur les performances des élèves? Un moyen de réduire la menace du stéréotype serait "de présenter la tâche autrement, en invalidant par exemple l’écart de réussite entre deux groupes sociaux". Sylvain Max présente ensuite des pratiques centrées sur l'élève:

-Tout d'abord, affirmer son identité personnelle limiterait l'impact des stéréotypes liés au groupe social. Des recherches ont montré que lorsque des individus stigmatisés avaient l’opportunité de s’autoaffirmer avant de réaliser une tâche, cela réduisait les conséquences négatives du stéréotype sur les performances.

-Ensuite, valoriser son identité sociale: Selon une étude menée auprès d'étudiants afro-américains, le simple fait de renseigner son groupe d’appartenance avant un test  activerait des stéréotypes négatifs et éveillerait, en filigrane, l'angoisse d'échouer chez ces étudiants.

-Proposer une vision malléable de l’intelligence: "Si l’aptitude est considérée comme malléable, une faible performance ne viendra pas confirmer le stéréotype négatif", considère Sylvain Max. Une enquête signifierait en outre que les individus métis qui ont plus tendance à comprendre le concept d’ethnie comme un construit social plutôt que biologique, seraient davantage protégés contre les effets négatifs du stéréotype.

-Enfin, faire en sorte que les étudiants réattribuent l’anxiété sucitée par les stéréotypes, de causes  internes (leur manque de capacités) à des causes externes (la difficulté du contexte).

La thèse présente dans un troisième temps des actions possibles centrées sur l’enseignant. Proposer un modèle positif du groupe stéréotypé serait bénéfique. Une enquête aurait mis en lumière que les participantes féminines réussissaient significativement mieux à un test de mathématiques, quand le test était administré par une femme compétente plutôt que par un homme compétent.

La page personnelle de Sylvain Max est accessible à ce lien.

 

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