Recherche en éducation et politiques éducatives: "Un rendez-vous manqué" (PRISME)
Paru dans Scolaire le mardi 27 avril 2010.
"Les ministères en charge de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur ont à leur disposition toutes les ressources intellectuelles nécessaires avec des enseignants-chercheurs (...). Force est de constater qu’il en est rien. La recherche en éducation joue un rôle marginal dans les politiques éducatives et n’a que rarement tenu une place significative dans les préoccupations des décideurs." Jean-Richard Cytermann, professeur associé à l’ EHESS, publie sur le site de l'association PRISME, une réflexion sur les liens fragiles entre la recherche en éducation et les décideurs en matière de politiques éducatives. Le chercheur s'interroge sur les raisons de ce rendez-vous manqué en France, comparativement aux situations observables dans la Communauté française de Belgique ou en Suisse Romande.
Un manque de structures dans l'offre de recherche en éducation. Pour le chercheur, la création dans les années 1980, d’une section transversale "Sciences de l’ éducation" ne regroupant pas l’ensemble des enseignants-chercheurs qui travaillent sur les questions éducatives aurait crée une ambiguïté sur le propos même de cette discipline. "(Les chercheurs qui s'intéressent à l'éducation) peuvent être rattachés aux sections de sociologie, de psychologie, d’économie, d’histoire voire de gestion ou de sciences politiques. (...) En corollaire se pose la question: l’éducation est elle une discipline de recherche ou un objet de recherche ? ", développe Jean-Richard Cytermann.
La non-clarification des demandes au sein du Ministère. Le Ministère a d’autres sources d’expertise que la communauté de recherche en Education, à commencer par les professionnels que sont les inspecteurs généraux de l’éducation nationale (IGEN), rapelle le chercheur. Il souligne la faiblesse des politiques et des moyens consacrés à la recherche en éducation, qu'il explicite en partie par une absence de politique claire au sein du Ministère. " Le Ministère n’a jamais eu non plus une politique définie sur ce qu’il attendait de l’INRP, qui aurait pu jouer ce rôle de passerelle entre les résultats de la recherche et les décideurs ou d’organisme de recherche finalisée pour l’éducation. (...) S’ajoute le fait que le ministère ne sait pas au fond poser des questions à la recherche, passer des commandes de recherche ".
Enfin, les difficultés de la recherche en éducation pourraient tenir, selon Jean-Richard Cytermann, à la nature même des recherches en éducation: " Il est beaucoup plus difficile d’évaluer les effets comparatifs de diverses méthodes pédagogiques que de différentes thérapeutiques médicales."