Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 22 avril
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 22 avril 2020.
J-B, directeur national d’un réseau associatif (jour 36)
Sommes au milieu de la deuxième semaine des vacances scolaires de la zone où je réside. En début de semaine, nous avons essayé de faire faire des devoirs à nos trois enfants. C’est un combat. Mais nous avons gagné, un de nos fils fait du français, il prépare son bac… Il nous dit qu’il travaille suffisamment, nous ne sommes pas sûrs avec ma femme, mais bon… Nous avons surpris notre fils de 10 ans, celui qui est en CM2 en train d’envoyer un message par l’environnement numérique de sa classe à sa maîtresse, lui demandant de confirmer qu’il restait bien encore une semaine de vacances. Il ne ressent pas « le temps » de la même manière que d’habitude.
On nous a annoncé une reprise progressive de l’école, tel jour telle section, tel autre jour un demi-groupe, d’autres enfants restant à la maison, en télétravail, en formation à distance. Il n’y aurait jamais plus de 15 élèves en même temps dans une classe ; les autres étant en études ou en train de pratiquer des activités sportives. Il va donc y avoir un réel besoin d’animateurs périscolaires, d’animateurs socio-éducatifs, éducateurs sportifs… Il va falloir que toutes ces personnes se parlent, conduisent des projets cohérents où chacun a une réelle place, et une utilité éducative.
Cette organisation impose également une différenciation pédagogique, il ne sera matériellement pas possible que tous les enfants fassent au même moment la même activité, la même leçon, le même exercice. Les mouvements d’Education Nouvelle prônent depuis de nombreuses années cette différenciation pédagogique, en précisant qu’elle est plus respectueuse des élèves, mais qu’elle est aussi plus efficace ! C’est malheureux que ce soit dans cette situation de crise que l’on se rende compte, de manière massive, de son utilité pédagogique, … mais c’est déjà ça !
On nous précise aussi, bien évidemment, que si les conditions sanitaires ne le permettent pas, les écoles ne rouvriront pas. Cela me fait penser au combat que mènent depuis de nombreuses années, des parents d’élèves sur les toilettes dans les établissements scolaires… J’espère que cette situation va permettre de prendre conscience qu’il est important que ces espaces soient propres et gérés afin qu’il ne s’y passe pas une forme de « loi du plus fort » où des violences et humiliations peuvent être données et subies. A tel point que de nombreux enfants ne vont pas aux toilettes durant toute une journée scolaire (surtout au collège). Il ne s’agira donc pas de seulement d’avoir accès à des points d’eau, mais bien de les gérer pédagogiquement !
En tout cas, ce confinement a mis en évidence, si ce n’était pas clair pour certains, la réelle complémentarité de l’éducation. Si l’Education nationale a un rôle primordial, prépondérant dans l’éducation, elle est loin d’être la seule : les familles, l’animation socioculturelle et l’animation périscolaire ont également une place très importante. J’espère qu’à l’avenir cette complémentarité va être mieux organisée que ce qu’elle l’était avant, qu’il y aura des espaces où ces différentes personnes, il faudra y rajouter les club sportifs, pourront se rencontrer, échanger, discuter, concevoir des parcours pédagogiques cohérents et adaptés pour chaque enfant.