Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 15 avril
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 15 avril 2020.
F., proviseure de cité scolaire - 15 avril
Soleil, vent froid qui baisse peu à peu, temps quasi estival pour notre …combien déjà … 29ème jour de confinement.
L’annonce du président Macron intégrée, digérée ? Non pas vraiment !
Une forme d’espoir : ce que nous vivons a une date limite, virtuelle mais posée néanmoins. Une forme de sidération : mais comment va-t-on faire concrètement pour accueillir les élèves avec de la distanciation sociale (quelle horrible dénomination) ? …
Autant d ‘éléments qui perturbent encore plus si besoin étaient.
On ne sait plus s’il faut se réjouir d’une fin de confinement entrevue ou s’il faut se lamenter et se contorsionner pour trouver des solutions plausibles et réalistes.
Rien qu’avec nos trois enfants de soignants accueillis pendant les trois premières semaines du confinement, il fallait sans cesse leur rappeler de se tenir à bonne distance y compris et surtout dans les temps informels de repas ou entre deux activités scolaires. Et ils n’étaient que … trois !
Alors, ne retenir que ceux qui sont le plus loin de l’école, ceux qui sont « en danger », du moins à notre connaissance dans le temps même où ce sont les plus inaccessibles ? Se faire aider pour cela des CPE, des professeurs principaux ?
Ou alors travailler par niveaux ? Laisser les terminales chez eux préparer à distance le postbac, accueillir les secondes, notre public le plus fragile en lycée et aussi en attente d’une orientation en fin d ‘année ? Et quid des premières ?
En collège, accueillir les troisièmes, là encore en pallier d’orientation ? Et quid des trois autres niveaux, y compris des plus jeunes ?
La question est aussi de savoir à quel niveau cette organisation sera prise : académique, régionale, départementale, par établissement ? Quid de l’autonomie de chaque établissement ? de son contexte spécifique ?
Du côté des personnels, il y a deux grosses tendances : l’une syndicale, offusquée et alarmiste qui refuse en bloc ; l’autre, plus individuelle, d’enseignants dont les yeux se rallument à l’idée de revenir « au bahut ».
Du côté des parents, c’est un peu la même chose : ceux qui refusent que leurs enfants côtoient les autres si vite, si tôt et ceux qui vous demandent si la cantine fonctionnera bien à partir du 11 mai.
Du côté des élèves enfin, on retrouve aussi les mêmes tendances y compris à l’intérieur d’un même enfant ou adolescent : l’envie de revenir à l’Ecole, c’est-à-dire à la norme connue, point de repère inégalé, de revoir ses copains, copines, ses enseignants mais aussi en parallèle de retrouver une situation d’apprentissage pas toujours confortable, parfois pénible, se remettre véritablement au travail dans des conditions qu’ils n’imaginent même pas…
Bref, beaucoup de questions pragmatiques qui côtoient peur, prudence, sécurité sanitaire et idéologie.
Néanmoins, le soleil est encore là.