La revue Sciences Humaines enquête sur ces profs qui changent l'école pour participer à son réenchantement
Paru dans Scolaire le jeudi 12 mars 2020.
Martine Fournier, rédactrice-en chef adjointe à Sciences humaines, déclare dans l'éditorial du numéro spécial consacré à l'enseignement que la rédaction "a décidé d’enquêter sur ces nouvelles façons de faire école. Non seulement par des articles réflexifs, issus de la recherche actuelle en sciences de l’éducation, sociologie, neurosciences… mais aussi par des reportages sur ces initiatives et innovations qui montrent la vitalité de certains établissements scolaires, la créativité et le dynamisme d’équipes éducatives." Elle signale à ToutEduc que "c’est une formule assez nouvelle pour Sciences Humaines. Notre ADN est de faire parler les chercheurs sur leur thème. Sur ce dossier, nous avons pris des spécialistes comme Stanislas Dehaene, Eric Debardieux, André Tricot… et nous y avons adjoint des reportages sur des expériences innovantes.
Martine Fournier ajoute que "l’idée de faire ce dossier est venue lors des journées de l’innovation pédagogique organisées par le Bureau de l’innovation pédagogique. J’ai été interpellée par l’enthousiasme des élèves qui présentaient leur projet et par les équipes qui font tout pour les faire réussir. Suite à ces journées, nous avons décidé de collaborer avec le Bureau de l’innovation pédagogique afin de communiquer à propos des projets mis en place dans les établissements et pour que les enseignants et les parents puissent avoir conscience qu'il se passent de belles choses dans l’institution."
Les expérimentations choisies "ont toutes lieu à l’intérieur de l’Education nationale". Elles sont toutes présentes sur le portail numérique "Innovathèque" qui reste plus connu et surtout accessible, sous le nom d’"Expérithèque" (ici). Selon Martine Fournier, "le nom Innovathèque est plus parlant qu’Expérithèque et surtout plus proche de la réalité des projets." Les objectifs de ces systèmes d’information nationaux de l’innovation et de l’expérimentation sont de "recenser et valoriser les actions innovantes et les expérimentations", d’ "accompagner et étudier les pratiques innovantes et expérimentales, favoriser les échanges", et de "donner accès à des appels à projets nationaux ou académiques" (via Eduscol).
D’après la rédaction, les expérimentations choisies répondent à la formule de François Dubet (L’Ecole des savoirs – La Découverte – 2000) : "On a l’impression que rien ne change à l’école… et pourtant, tout change !" Pour Martine Fournier, "Ça bouge dans l’école publique ! C’est un propos réconfortant."
Dans ce numéro sont notamment présentés le label de "l’Ecole du bonheur" décerné par l’université de Cergy-Pontoise, la naissance d’un "tiers lieu éducatif" dédié aux sciences et créant des émules dans toute l’académie de Nice, le "micro-lycée" pour les décrocheurs, le "foodlab" d’un lycée hôtelier en tant qu’espace de collaboration entre élèves et professeurs ou encore l’association de cours de boxe et de de philosophie… Pour Martine Fournier, ces expérimentations peuvent être "une source d’inspiration pour revitaliser notre vieux modèle".
La rédaction n’oublie pas l’aspect "évaluation" de ces innovations. En effet, comme le précise Axelle Charpentier, économiste et enseignante à l’IEP de Paris, "pour mesurer les résultats des expérimentations, le seul jugement des acteurs ne suffit pas". Selon elle, il faut évaluer l’impact tout au long de la scolarité et donc, le critère réel dit de "révolution méthodologique" qui comprend l’éthique, le pourquoi de la mise en place et de l’évaluation elle-même ainsi que des partenariats nécessaires.
Quant aux contributions, un leitmotiv apparaît. Ses mots-clés sont : le bien-être, le plaisir d’apprendre, la réussite de chacun, l’échange, la famille… "bonheur d’apprendre et d’enseigner", tel est le titre de ce dossier.
Hélène Cénat