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Jusqu'où la pauvreté affecte-t-elle le bien-être des enfants ? (Revue de la CNAF)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture le lundi 02 mars 2020.

"La France fait état d’un taux de pauvreté, pour l’ensemble de la population, relativement faible par rapport au reste de l’Europe, mais la comparaison avec ses voisins est beaucoup moins favorable en ce qui concerne la pauvreté des enfants." C'est l'un des enseignements du dernier numéro de la Revue des politiques sociales et familiales consacré au bien-être des enfants perçu comme un enjeu politique, un thème qui "a connu un net regain d’intérêt au cours des dernières décennies", non sans poser question, alors que notre époque est marquée par la "course au développement personnel et individuel", par une idéologie néolibérale "et sans doute aussi (par) la montée de l’anxiété" car si le bien-être est "à la portée de chacun-e, ceux et celles qui n’y accèdent pas ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes".

Dans son introduction, Claude Martin (CNRS) ajoute que "les discussions sur les conditions du bonheur prennent un accent particulier en France", dans une période où se manifestent surtout "le sentiment d’injustice, le 'ras-le-bol' collectif, l’esprit de révolte, la peur du déclassement, la perte de confiance, voire le ressentiment". Mais, au-delà du cas français, la revue montre que "les facteurs de risques compromettant l’adaptation cognitive et socio-émotionnelle des filles et des garçons (...) sont intrinsèquement liés et cumulatifs. Plus les enfants font face à des difficultés matérielles, financières et à une instabilité familiale, plus leurs scores de développement sont faibles." En Espagne, au vu de "l’augmentation récente du nombre des divorces", on constate que leurs conséquences "affectent plus fortement les enfants issus de milieux défavorisés".

Bien-être, pauvreté monétaire, "en condition de vie"...

Les divers contributeurs interrogent tous les notions de bien-être et de pauvreté : "un enfant peut vivre dans un ménage pauvre sur le plan monétaire sans pour autant être considéré comme pauvre en conditions de vie, en raison, par exemple, de la priorité accordée par les parents aux ressources à leur disposition ou de l’appui des familles élargies, des communautés ou des programmes nationaux." Ils se demandent également si, "dans des pays dotés d’un système de sécurité sociale, d’éducation et de soins de santé gratuits ou subventionnés", la "pauvreté monétaire" et la "pauvreté en conditions de vie" ne seraient pas atténuées. En effet, "le lien (négatif, ndlr) entre pauvreté monétaire, pauvreté en conditions de vie et bien-être des enfants a été constaté dans de nombreux pays, même ceux qui disposent de solides filets de protection sociale". Quant au statut migratoire des parents, il est lié "à un risque plus élevé de pauvreté monétaire, ainsi que de pauvreté en conditions de vie matérielle, et en conditions de logement extrêmement défavorisées, mais il est associé à un risque plus faible de pauvreté sur la dimension parentale".

D'où la notion de "bien-être subjectif global". "Les enfants néerlandais présentent systématiquement des scores supérieurs à ceux des enfants des autres pays (européens) pour des raisons encore inconnues. Il est possible que la nature démocratique du système scolaire y contribue (absence d’uniforme, les enseignants et les élèves s’appellent par leur prénom, les programmes scolaires proposent un vaste choix)." Il apparaît aussi que "la richesse nationale explique très peu la variation entre les pays, contrairement à ce qui se passe chez les adultes". C'est ainsi que "la Corée et le Japon tendent à afficher un niveau de bien-être des enfants assez bas, dû aux pressions éducatives et à l’absence de choix quant à leur emploi du temps". Le gouvernement coréen a d'ailleurs "pris sérieusement en compte ces récentes preuves de la faiblesse du bien-être subjectif des enfants" et il a développé un plan politique pour "permettre aux enfants de parvenir au bonheur et au respect". Il prévoit notamment "de modifier le cursus scolaire de manière à protéger le droit de jouer des enfants".

La liberté et l'amitié

"Les enfants accordent beaucoup d’importance à la liberté de choisir (les vêtements qu’ils portent, ce qu’ils mangent, leur emploi du temps, leurs amis) (...). Les écoles britanniques exercent un contrôle très strict, avec le port de l’uniforme, les sonneries, les programmes, les relations (les enseignants sont toujours nommés 'Monsieur' et 'Madame') (...), les filles se soucient davantage de leur apparence que dans d’autres pays, ce qui tend à altérer de plus en plus leur niveau de bien-être." Toutefois "le bien-être subjectif s’est amélioré au Royaume-Uni parallèlement au développement des réseaux sociaux et (...) une utilisation modérée des réseaux sociaux est associée à un bien-être subjectif supérieur. Mais le cyberharcèlement a un effet désastreux pour le bien-être subjectif."

En France, le bien-être subjectif des enfants est tiré vers le bas "par les scores comparativement faibles" lorsqu'il s'agit de mesurer la "possibilité de parler à la mère, au père", et de trouver "des camarades attentionnés et prêts à aider".

Revue des politiques sociales et familiales n° 131-132. Ce numéro double rend compte d'une réflexion menée pendant deux ans par la Chaire "Enfance, bien-être et parentalité", "fruit d’un partenariat entre la Caisse nationale des Allocations familiales et l’École des hautes études en santé publique"

Le site caf.fr ici

 

 

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