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Lancement d'une seconde campagne de recrutement pour le SNU, un réquisitoire d'Eric Favey (Ligue de l'enseignement de l'Isère)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le dimanche 02 février 2020.

Geneviève Darrieussecq et Gabriel Attal lanceront, le 3 février, "la campagne de recrutement des 30 0000 jeunes volontaires du Service national universel" qui se déroulera sur l'ensemble du territoire. Les deux secrétaires d'État auprès de la ministre des Armées et du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse se rendront pour ce faire à l'Ecole polytechnique, annoncent-ils dans un communiqué.

Eric Favey adresse au même moment, à tous les mouvements d'éducation populaire une mise en garde (dont ToutEduc a eu copie) contre "un assemblage hétéroclite, incohérent, irréaliste et surtout douteux du point de vue de ses intentions éducatives, formatives, politiques, culturelles et sociales". Dans son réquisitoire contre le SNU, le président de fédération de la Ligue de l’Enseignement de l’Isère constate que, "sollicitées, les associations hésitent (...), interrogatives sur les intentions, parfois intéressées dans un contexte de difficultés de gestion". Et il met en garde, "l’éducation populaire va s’y abîmer".

"Aux antipodes de l’éducation populaire"

Pour lui, ce dispositif qui vise à l’émancipation des jeunes, au renforcement de la cohésion nationale et territoriale, au développement d’une culture de l’engagement, et à l’accompagnement de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, pour reprendre les termes officiels de la définition de ses intentions. Mais "comment croire un seul instant qu’un 'séjour de cohésion de deux semaines' et 'une mission d’intérêt général de 12 jours' vont y suffire ?"

Le modèle est d'ailleurs "aux antipodes de l’éducation populaire". Il est "très fortement teinté de dimensions militaires" qui n’ont rien à voir avec "la pédagogie active" dont il se réclame. Les journées sont rythmées "autour de rituels compréhensibles dans un cadre militaire -marche au pas, disposition au carré, lever des couleurs- mais incompatibles avec des démarches de l’éducation active" tandis que les groupes sont structurés selon un modèle correspondant "aux organisations de casernement". Le militant interroge : "Pourquoi ne pas avoir choisi de promouvoir, soutenir et développer des dispositifs d’engagement qui ont fait leurs preuves avec les jeunes, par exemple les juniors associations, le service civique, les formes de volontariat européen et international ?"

Les programmes d'EMC

Il fait remarquer que d'autres gestes gouvernementaux vont dans le même sens: "Dans les programmes d’EMC (enseignement moral et civique, ndlr) modifiés récemment, 'participer à la définition de règles communes' est devenu 'appliquer et accepter les règles communes', les 'discussions à visées philosophiques' et 'les échanges à propos des dilemmes moraux' ont disparu (...). Plusieurs expérimentations pour renforcer la mixité sociale engagées depuis 2015 ont été abandonnées et cet objectif premier pour la cohésion nationale a disparu des ambitions ministérielles."

Il souligne enfin le caractère "irréaliste" de la deuxième phase du SNU. "Comment imaginer que 800 000 jeunes trouveront chaque année une association ou un collectivité support pour effectuer leur mission d’intérêt général", qu'ils seront "sérieusement accueillis, accompagnés, formés dans l’expérience d’un projet et d’une engagement associatif" ? D'autant qu'en deux ans, les associations ont perdu "plus de 16 000 emplois".

Les 1,5 à 2 milliards que coûtera le SNU pourraient financer des séjours en classe découverte, des séjours de vacances, une formation aux premiers secours, "un module de sensibilisation à la défense"... Et le militant de l'éducation populaire fait remarquer que "celles et ceux qui ont inventé ce SNU (...) se sont bien gardés de solliciter l’avis des jeunes eux-mêmes et celui des acteurs éducatifs".

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