"Dys" : E. Gentaz et L. Alaria plaident pour "un dialogue constructif entre les enseignants et les experts du trouble".
Paru dans Scolaire le vendredi 31 janvier 2020.
Avant que ne soit posé un diagnostic, "les enfants porteurs de troubles peuvent être stigmatisés, accusés de manque d'implication ou de motivation dans les apprentissages (...). Cette culpabilisation peut concerner également les enseignants, souvent démunis face à l'impossibilité de répondre aux besoins de l'élève-apprenant (...) malgré des efforts pédagogiques considérables et souvent chronophages", écrivent Edouard Gentaz et Lauria Alaria (université de Genève) dans Résonances (le mensuel de l'école valaisanne). Le premier effet du diagnostic est de soulager l'élève, sa famille et l'enseignant. Il permet d'expliquer la difficulté mais son annonce "ne peut se substituer à une explication éclairée de ce qui est en jeu". On risque sinon "de voir des élèves désinvestir complètement les mathématiques suite à un diagnostic de dyscalculie ou abandonner tout effort en lecture suite à l'annonce d'une dyslexie".
C'est là qu'intervient l'enseignant qui doit considérer que l'élève, "avant d'être porteur d'un trouble diagnostiqué", est "un apprenant à part entière, qui a besoin d'être soutenu dans ce rôle". N'étant pas un rééducateur, l'enseignant "ne doit pas être dans une démarche ni diagnostique ni remédiative mais bien pédagogique" et c'est cette posture qui contribue "à ramener l'élève sur le chemin de l'apprentissage". Les deux auteurs ajoutent que "cette compréhension de l'implication du diagnostic ne peut se faire qu'au sein d'un dialogue constructif entre les enseignants et les experts du trouble en question".