Les jeunes de 18-30 ans sont des "omnivores" culturels. (Sondage - INJEP)
Paru dans Périscolaire, Culture le jeudi 30 janvier 2020.
On les voyait plutôt comme "des consommateurs passifs et solitaires d’offres numériques, peu créatifs et peu curieux, restreignant la palette de leurs pratiques culturelles aux nouvelles technologies, au détriment des activités culturelles traditionnelles." Erreur ! "Non seulement les 18-30 ans multiplient les activités culturelles, bien plus que l’ensemble des Français mais ils les combinent par ailleurs en véritables ‘omnivores’ culturels". C’est l’un des traits saillants de l’édition 2019 du Baromètre DJEPVA. Fruit d’une collaboration entre l’INJEP et le CREDOC, à la demande de la direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, cette enquête annuelle a été réalisée en ligne entre février et mars 2019 auprès d’un échantillon représentatif de 4 516 jeunes âgés de 18 à 30 ans.
Le Baromètre DJEPVA distingue les pratiques culturelles "traditionnelles", "artistiques créatives" et "numériques" et souligne le dynamisme et la diversité d’activité chez les jeunes. Ainsi 91% ont des activités créatrices amateurs, 65% réalisent des travaux manuels ou de décoration, 60% se passionnent pour la photo ou les vidéos, 48% pour la danse et le chant et 18% des jeunes cumulent au moins sept pratiques artistiques différentes. En ce qui concerne les activités et les sorties culturelles traditionnelles, les jeunes privilégient le cinéma 83% et la lecture 78%. Ils combinent majoritairement les types de pratiques culturelles, 86% d’entre eux ont pratiqué à la fois au moins une activité créative artistique, une activité culturelle numérique et une sortie culturelle au cours de l’année.
Les 18-30 ans affectionnent les pratiques artistiques créatives en dehors des temps d’étude, davantage que l’ensemble de la population et surtout, les écarts les plus importants ne portent pas sur la création numérique (17 points) ou l’animation sur internet (14 points) mais sur des activités artistiques comme le chant (22 points), la danse (20 points) ou encore la peinture, le dessin, la sculpture (20 points). "Une appétence qui ne s’est donc pas démentie avec les générations et la numérisation de la société", soulignent les auteures du sondage. "Puisqu’elle reste conforme à celle observée il y a dix ans dans la dernière enquête ‘Pratiques culturelles des Français’".
Des différences selon l’origine sociale
Néanmoins, le baromètre constate que "la diversité des sorties culturelles est plus forte auprès des jeunes les mieux installés socio économiquement. Les jeunes les plus diplômés ont réalisé un plus grand nombre de sorties différentes : 31% ont effectué quatre à cinq types de sorties contre 21% des moins diplômés." Un écart qui s’observe aussi suivant le niveau d’activité et le lieu de résidence. Le coût reste le principal obstacle aux sorties culturelles pour 50% des jeunes. Cet aspect financier étant encore davantage évoqué par les jeunes ayant une situation d’activité ou familiale précaire : 59% des jeunes au chômage, 58% des jeunes célibataires avec des enfants.
Le manque de temps est un frein pour 43% des jeunes interrogés, plus particulièrement pour les jeunes avec des situations sociales confortables : 48% des jeunes ayant un niveau de diplôme équivalent ou supérieur au baccalauréat, 47% des jeunes en emploi et 50% des étudiants sans activité professionnelle en parallèle. Un quart des jeunes évoquent aussi les contraintes de déplacement qui constituent plus généralement un obstacle à l’emploi et aux loisirs.
"De spectateurs à créateurs : multiplicité des pratiques culturelles et artistiques des jeunes", INJEP, Analyses & synthèses, N°30, Décembre 2019.
Colette Pâris