"Enseigner l’oral qui structure la pensée" (Revue Animation & Education)
Paru dans Scolaire le mercredi 15 janvier 2020.
"Dans une classe du XXIe siècle, on peut dire que ‘ça parle’. Mais regardons-y de plus près…". Pour Florence Castincaud, professeure de collège en retraite, "Parler ne suffit pas. Les nouvelles compétences demandées au collège et au lycée vont dans le sens d’un apprentissage des actes de paroles, afin de mieux les différencier, les analyser et finalement les maîtriser. C’est un enjeu essentiel pour sortir du simple ‘parler’ à l’école et en dehors".
C’est l’une des contributions au dossier du nouveau numéro de la revue Animation & Education de l’OCCE consacré à l’enseignement de l’oral qui "structure la pensée". Comme le souligne Marie-France Rachedi, la rédactrice en chef, l’oral est un marqueur social, source d’inégalité, de discrimination et d’exclusion ; la maîtrise de la langue étant un facteur essentiel du développement de l’individu : "C’est pourquoi dans ce dossier, il nous a paru essentiel de dépasser la question du ‘faut-il enseigner l’oral’ pour s’interroger sur l’interaction entre enseignement de l’oral et construction du sujet pensant".
Affirmation de soi et engagement
Tous les auteurs des différents articles s’accordent sur un point : toutes les disciplines peuvent être l’occasion d’enseigner l’oral. "Elles offrent toutes la possibilité de solliciter de la part des élèves des prises de parole qui ne se limitent pas à la simple formulation d’une réponse", insiste Sylvie Plane, agrégée de grammaire et professeur émérite de science du langage à la Sorbonne. "En mathématiques, il s’agira d’expliquer une procédure ; en histoire des arts, d’établir un rapprochement entre deux œuvres ; en français d’inciter les élèves à lire un ouvrage…".
Sylvain Connac, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, constate l’importance de l’oral dans les pratiques coopératives comme le travail en groupe ou en équipe : "Pour chacune de ces pratiques coopératives, la parole des élèves a une place prépondérante : elle sert alternativement d’outil de communication, de source de questionnements, de mode d’aide, de support de reconnaissance, de levier de résolution de conflit, d’affirmation de soi et d’engagement, de forme de rencontres humaines."
Pour Isabelle Desforges-Legras, professeure de français langue seconde pour élèves allophones arrivants, "il s’agit d’enseigner une langue qui est à la fois source et objet d‘apprentissage" Elle affirme ; "Il faut avoir soi-même une grande exigence dans des contenus pédagogiques pour ces nouveaux arrivants, c’est-à-dire proposer aussi ce que notre langue possède, de plus beau, de plus noble, de plus riche : je m’efforce donc quotidiennement de surveiller mes mots."
"Enseigner l’oral qui structure la pensée", Revue Animation & éducation, N°274 Janvier-Février 2020, 2,50€
Colette Pâris