L'autorité de l'enseignant : une affaire collective (Cahiers pédagogiques)
Paru dans Scolaire le mardi 07 janvier 2020.
Les cahiers pédagogiques – "L’autorité éducative"
"Dans le paysage éducatif, les discours sur l’autorité tournent en boucle, entre laisser faire et retour aux bonnes vieilles méthodes. On s’interroge sur ce que les bénéficiaires (ou ceux qui la subissent en disent)." C’est certainement la raison pour laquelle que l'avant dernier numéro des cahiers pédagogiques se penche tout d’abord sur la vision des élèves vis-à-vis de l’autorité de leurs enseignants.
"A hauteur d’élève"
"Et si nous commencions par des paroles d’élèves ? Après tout, ce sont eux qui reconnaissent l’autorité et la font exister. Ou pas." C’est l’enseignement agricole qui offre le premier témoignage de ce nouveau dossier. Pour les enseignants-chercheurs de l’Ecole nationale supérieure de l’enseignement agricole, "l’enseignant qui pose un cadre cohérent et montre aux élèves qu’il se soucie d’eux a des chances d’obtenir en retour leur considération." Cela peut sembler une évidence, mais il était important de l’écrire, surtout quand il faut répondre à ce type de questions : "quel recours ont les élèves, quand l’autorité des enseignants ne répond plus à leurs attentes ? Comment régulent-ils leur propre violence ?". Pour Alain Guerrier, professeur en psychologie cognitive (université de Lille), la motivation des élèves est la clé : "l’autonomie correspond à la nécessité pour la personne de se sentir à l’origine de son comportement et au sentiment de liberté et de choix dans les activités."
En tout cas, pour les rédacteurs de ce dossier des cahiers pédagogiques, il faut se questionner sur l’autorité en tant qu’affaire individuelle.
"Corriger les enfants" : historique et actualité
L’article de Justine Le Floc’h (université de Lille), qui présente un grand nombre de pédagogies utilisées depuis le 17ème siècle, permet de mettre en avant les moyens que les enseignants ont pour rationaliser la violence, moyens qui font l’objet de réflexions depuis si longtemps. Quelques-uns sont critiquables, d’autres peuvent peut-être exploités. Comme le précise Benjamin Banasik (INSPE d’Arras), "il ne suffit pas de sanctionner les infractions aux règles de la classe pour avoir de l’autorité." Selon lui, un professeur peut redécouvrir les vertus de la bienveillance. Et quelquefois, les élèves difficiles nous apprennent beaucoup. D’après lui, "le pédagogue n’a jamais épuisé toutes les ressources."
Ces ressources peuvent être collectives
Comme le précise Vanessa Joinel-Alvarez (Haute école pédagogique du canton de Vaud), "si une majorité s’exécute rapidement, même les élèves méfiants le feront. Inversement, si les copains ne le font pas, l’élève ne le fera pas non plus." C’est un peu la même chose pour les enseignants. Selon les cahiers pédagogiques, "faire autorité est une affaire collective." Comme le signale Richard Etienne (université Paul Valéry, Montpellier), "l’autorité est peut-être moins affaire de compétence personnelle que de la capacité collective à s’organiser et à s’ajuster continuellement pour que chacun, à l’échelle de l’établissement, soit assuré de sa place."
Cahiers pédagogiques n° 557, ici
Hélène Cénat