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La mixité sociale favorable aux élèves défavorisés, la compétition néfaste pour les bons élèves (DEPP)

Paru dans Scolaire le jeudi 02 janvier 2020.

Jusqu'à quel point composition sociale et scolaire des établissements et des classes influence-telle la réussite des élèves ? "La plupart des recherches des économistes concluent que la composition socio-économique ou scolaire des pairs a une influence sur les résultats scolaires des élèves. Ces effets semblent plus forts à l’échelle de la classe que de l’établissement", notent Olivier Monso, Denis Fougère, Pauline Givord, Claudine Pirus dans le dernier numéro de la revue de la DEPP, Éducation & formation que le service statistique de l'Education nationale vient de publier. Dans cet article, les auteurs se demandent si "les camarades influencent la réussite et le parcours des élèves" et si l'on peut mesurer "les effets de pairs dans l’enseignement primaire et secondaire".

Les quelques études françaises sur la question mettent en avant "des effets modérés" : "le fait d’être scolarisé dans une école parmi les plus favorisées socialement, plutôt que dans les écoles les plus défavorisées, augmente le score de l’élève en sixième d’environ 5 points sur 100 en mathématiques, et de 2 à 3 points en français aux évaluations nationales de début de sixième (...) Toutefois, plusieurs recherches suggèrent que ce résultat en moyenne masque la diversité des effets pour des élèves de niveaux différents. Dans plusieurs études, les élèves de niveaux plus faibles, ou dont le contexte familial est moins favorable à la réussite scolaire, sont les plus sensibles à la composition de leur établissement ou de leur classe (...)."

La mixité sociale profitable aux élèves les plus faibles

"Être scolarisé dans une école parmi les plus favorisées socialement, plutôt que parmi les plus défavorisées, produit un impact deux à trois fois supérieur pour des élèves qui sont parmi les plus faibles que pour ceux les plus performants à l’entrée au CP". En terminale, "l'effet d’une hausse du niveau scolaire des pairs est cinq fois supérieur pour les élèves initialement les plus faibles".

Ces résultats doivent être relativisés. Les élèves les plus faibles "bénéficient de l’apport d’élèves qui sont d’un niveau légèrement supérieur au leur, mais pâtissent d’une élévation trop forte du niveau de la classe (...). Les filles semblent bénéficier de la présence de très bons élèves dans la classe, surtout si elles sont d’un niveau scolaire initialement faible, alors que la présence de camarades de très bon niveau n’a guère d’effet sur les garçons".

Mais d'autres facteurs peuvent jouer : "le fait de conserver, en seconde, des camarades de la classe de troisième, est associé à une probabilité plus faible de redoubler, à une orientation plus fréquente en première générale, à l’obtention plus fréquente du baccalauréat trois ans après. En matière de parcours scolaire au lycée général et technologique, il semble donc que l’important ne soit pas d’être entouré de camarades ayant un bon niveau scolaire, mais plutôt de retrouver des camarades de classe du collège. Cet effet est plus marqué pour des élèves en difficulté scolaire ou de milieu social défavorisé."

Au total, "et de manière assez conforme à l’intuition, les élèves ayant de bons résultats scolaires, ou issus de milieux socio-économiques favorisés, ont plutôt un effet d’entraînement sur l’ensemble des élèves. Inversement, la concentration d’élèves en difficulté scolaire, ou issus d’un environnement familial moins propice à la réussite scolaire, est un facteur pénalisant les performances scolaires, surtout pour ces groupes d’élèves. Il en résulte que les phénomènes de ségrégation, à la fois entre et au sein des établissements, sont un facteur d’aggravation des inégalités scolaires."

Les bons élèves mis en difficulté par la compétition

Au lycée, Béatrice Boutchenik et Sophie Maillard constatent qu' "appartenir à une classe contenant une forte proportion de bons élèves n’apparaît pas avoir d’effets bénéfiques pour tous les élèves, et l’effet en serait même pénalisant pour les élèves les plus performants initialement", car l’exposition à la compétition aurait "un effet négatif", ce qui "remet en cause le bien-fondé des classes de niveau". Et les auteurs plaident "pour des politiques de mixité scolaire en amont du lycée", ils signalent que "des travaux sont en cours pour mesurer et documenter l’impact de la mixité sociale et scolaire au collège, notamment sur les choix d’orientation".

Dans un autre article d'ailleurs, Lucie Mougenot et Julien Moniotte estiment, après Agnès Van Zanten que "la compétition est mise en place par les établissements scolaires", mais que "cette émulation compétitive n’a finalement que peu d’effets positifs pour l’apprentissage".

Ce numéro de la revue comprend aussi un article sur l'orientation vers la voie professionnelle en fin de troisième, lycée professionnel ou apprentissage.

La revue "La réussite des élèves : contextes familiaux, sociaux et territoriaux" est téléchargeable ici

 

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