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Enseignement de l'informatique, les insuffisances dénoncées par l'EPI et par un groupe de chercheurs

Paru dans Scolaire le lundi 23 décembre 2019.

Pour l'association EPI, les créations d'enseignements de l'informatique sont "plus que bienvenues", et le dernier numéro de la revue "enseignement public et informatique" évoque les nécessités auxquelles elles répondent. "L'informatique est une incontournable composante de la culture générale." Mais le contexte est "plus que délicat". L'éditorialiste rappelle que "la mise en place de la réforme au sein des lycées confirme et renforce les craintes" des associations de spécialistes. Il évoque également les problèmes posés par la mise en oeuvre des E3C (les épreuves communes de contrôle continu). En ce qui concerne "la question essentielle de la formation des enseignants (d'informatique), le compte n'y est toujours pas notamment pour l'enseignement de SNT en seconde qui concerne tous les élèves". Et surtout, le compte n'y est pas en termes de créations de postes au CAPES, 30 pour le public et 10 pour le privé (auxquels s'ajoutent 7 et 7 postes au 3ème concours): "Bien peu de postes pour une science omniprésente au XXIe siècle et un déséquilibre public-privé qui ne correspond pas aux effectifs d'élèves."

Par ailleurs, plusieurs chercheurs publient un article sur le numérique éducatif à l’école élémentaire, et décrivent des dynamiques et des perspectives "nouvelles et enthousiasmantes" mais aussi des tensions, des difficultés et des inégalités. Certes, les enseignants du 1er degré ont pris conscience des enjeux mais "ils ne sont que 36% qui déclarent en organiser un usage pédagogique important ou très important". Les écoles sont assez bien équipées en moyens de visualisation collective, et les techniques numériques sont essentiellement utilisées "pour la préparation de la classe et des documents supports de l’activité des élèves". En revanche, "le nombre moyen d’élèves par terminal de travail individuel reste élevé", 8,6 en moyenne. Les équipements disponibles sont souvent "obsolètes ou en nombre insuffisant, la connectivité faible et instable (...), la maintenance des matériels inopérante".

L’étude montre aussi que manquent un cadrage institutionnel et des formations. "Beaucoup des enseignants rencontrés se sentent dépourvus, dans l’ignorance des attentes précises de l’État quant aux enjeux et aux finalités du numérique à l’École (...). Ainsi le numérique est-il souvent réduit –ce qui n’est bien sûr pas dépourvu d’intérêt– à la seule amélioration de pratiques antérieures quand il appelle de nouvelles démarches pour atteindre de nouveaux objectifs."

Les enseignants assignent au numérique trois objectifs, la mise à disposition de documents, l’éducation au numérique, la différenciation pédagogique, mais ils citent beaucoup plus rarement les activités collaboratives, l'évaluation des élèves, la classe inversée. "Ils se tournent en premier lieu vers des ressources accessibles gratuitement en ligne avant d’utiliser des ressources produites et/ou diffusées par des services et opérateurs de l’État. Ainsi, les différents portails publics (BRNEDU, Eduthèque, Réseau Canopé et CNED) connaissent-ils un succès mitigé (...). Seul le portail le Réseau Canopé est très utilisé (...). Le succès des éditeurs privés est réel avec 58,5% des enseignants qui déclarent utiliser des ressources acquises auprès d’eux, même si l’on sait par ailleurs le manque de maturité et la relative étroitesse du marché des EdTechs en France."

Les chercheurs soulignent encore l'importance des inégalités territoriales. Les financements des petites communes sont trois fois moins élevés que ceux des plus grandes, ils sont neuf fois moins élevés pour les écoles privées que pour les écoles publiques. Ils concluent que "les discours de l’État qui font légitimement apparaître de grands enjeux en termes de transformations des pratiques pédagogiques, d’éducation aux médias et à l’information ou d’individualisation et de personnalisation des parcours d’apprentissage (...) risquent de se réduire à une multitude d’initiatives dispersées sans effet structurel significatif".

Le site d'EPI ici,

"Le numérique éducatif à l’école élémentaire en tension entre politiques nationales, politiques locales et logiques d’appropriation par les enseignants", par Émilie Besneville, Caroline Brillant, Maram Caesar, Jean-François Cerisier,Bruno Devauchelle, Hassina Kechaï, Isabelle Féroc-Dumez, Sylvie Fortin, Alexandra Lagrange, Fabienne Lancella, et al., Oct 2019, Clermont-Ferrand, ici.

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