Les relations affectives des adolescents sur les réseaux sociaux (étude - Céméa)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 13 novembre 2019.
L’observatoire des pratiques numériques des adolescents en Normandie publie son cinquième rapport sur les modifications des pratiques et des comportements des jeunes dans ce domaine sensible (ici). Les plateformes numériques sont aujourd’hui perçues comme des médias axés sur l’industrialisation des émotions qu'elles traquent par la mise en forme des communications, l’accent étant mis sur le visuel, les photos, les selfies, les emoji, et la récupération des données relatives à toutes ces interactions.
Selon Christian Gautellier, directeur national des Ceméa en charge du pôle média "cette étude est assez rare, car extrêmement précise. Elle a été menée, pour son aspect quantitatif, auprès de 7000 jeunes présents dans notre dispositif et pour affiner, l’étude qualitative a été faite auprès d’un panel de 60 jeunes. Ces deux volets nous permettent de comprendre comment les jeunes s’informent et comment ils s’exposent. Et plus particulièrement, comment ils exposent leur corps. Nous prenons conscience que leurs pratiques sont très évolutives."
En effet, pour Christian Gautellier, "nous avons besoin de cette précision, car lors de nos interventions, si nous voulons garder notre crédibilité d’adulte-éducateur, nous ne pouvons tenir des discours généralistes sur les dangers des réseaux sociaux. Il nous faut quelquefois tenir des échanges contradictoires entre techniciens."
Les interventions évoquées par Christian Gautellier sont celles du dispositif "Educations aux écrans en Normandie" initié par la Région Normandie et mis en œuvre par les Ceméa et leurs partenaires, Rectorat, Draaf et Canopé/Clémi. Unique en France, il est à destination des lycéens et des apprentis de Normandie afin de mettre en place "une éducation critique" aux enjeux et aux problématiques d’Internet : réseaux sociaux, tchat, gestion de son temps, identité numérique, droits et devoirs des internautes... Pour ce faire, deux axes sont proposés aux établissements : un parcours dédié aux jeunes autour d’ateliers, de recherche documentaire, de réflexion, de mini-projets… et un parcours pour les enseignants/formateurs pour les préparer à animer, avec les Ceméa, les interventions auprès des lycéens et apprentis. Soixante dix établissements avec chacun 4 ou 5 classes sont impliqués dans la région. Pour Christian Gautellier, "il s’agit d’un travail en profondeur qui impacte tous les âges. Ce n’est pas seulement de l’information et c’est plus que de la sensibilisation. C’est un développement de l’esprit critique !" (ici)
Le rapport montre aussi que Snapchat est l’application de confiance des jeunes, car elle est censée effacer leurs messages régulièrement et surtout, elle leur donne des objets numériques différents des autres plateformes : flammes, trophées, classification des meilleurs amis…
Hélène Cénat