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Comment repenser la formation des enseignants, initiale et continue (un cahier d'Education et Devenir)

Paru dans Scolaire le vendredi 08 novembre 2019.

"Le modèle de formation continue des enseignants en poste est un modèle de formation très traditionnel : des formations courtes, souvent ponctuelles et rarement articulées entre elles ; une approche souvent informative et plutôt prescriptive ; des plans académiques de formation aux allures de catalogue privilégiant l’offre à la demande." C'est ce qu'écrit le recteur Filâtre dans le dernier Cahier d'Education & Devenir, consacré à la formation, initiale et continue, des enseignants. Il rappelle que le comité national de suivi de la réforme de 2013 avait adopté deux recommandations, "affirmer que la formation continue est constitutive du métier d’enseignant" et qu'il convenait d'adopter "une approche par le développement professionnel plutôt que par la formation". Il ajoute : "Ceci n’est pas une simple question sémantique. Il s’agit bien d’un changement de paradigme où le développement professionnel est considéré comme un processus graduel d’acquisition et de transformation des compétences et des composantes identitaires."

Les différentes contribution de cet important recueil (165 pages) se situent, peu ou prou, dans cette optique alors que la profession d'enseignant "s’est complexifiée, intégrant de nombreuses nouvelles missions : responsabilités éducatives, accompagnement, tutorat, orientation, différenciation pédagogique, inclusion des élèves à besoins particuliers, collaboration avec les partenaires de l’école, élaboration de curricula…". Trop souvent, "l’articulation entre l’expérience et la formation ne fait l’objet d’aucune analyse réflexive". Mais au-delà, c'est bien sûr la question du recrutement qui se pose. Ne faudrait-il pas "l’ouvrir à ceux que l’université a reconnus comme compétents" et "concevoir un concours sanctionnant un cursus de formation professionnalisante et donc destiné à vérifier les qualités professionnelles liées à la capacité d’apprendre à apprendre à autrui dans les situations les plus variées" ?

Pour Alain Filâtre, "une posture de développement professionnel" suppose "d'accorder aux collectifs de travail et aux formateurs un rôle dans l’amélioration des pratiques professionnelles". Quant à l'apport de la recherche, il ne saurait se résumer "à l’intervention de spécialistes extérieurs à l’institution", il suppose de proposer aux équipes "de comprendre les fondements scientifiques liés à telle ou telle méthode pédagogique, de s’approprier les outils validés par la recherche et d’expérimenter eux-mêmes sur des bases et des postures scientifiques".

Charles Hadji ajoute qu' "on ne pourra pas négliger ce que les neurosciences nous apprennent de nouveau sur la dimension cérébrale de l’acte d’apprendre", mais qu'il n'y a là "qu’un éclairage parmi d’autres". D'ailleurs, "l’hyper complexité des faits éducatifs rend difficile, pour ne pas dire impossible, d’isoler une 'méthode' ou un 'dispositif' qui jouerait le rôle d’une variable indépendante, suffisamment consistante, et constante, pour être soumise à expérimentation. D’autre part, des impératifs d’ordre déontologique, ou éthique, rendent impossible une expérimentation" puisqu'on ne peut pas faire courir aux élèves "le risque d’une moins bonne éducation". S'il existe "une approche scientifique de l’apprentissage", cela ne permet nullement de conclure avec S. Dehaene qu’ "enseigner est une science". Pour l'universitaire, "la formation des enseignants devra se centrer sur l’acte d’apprendre", qui ne se réduit pas "à des mécanismes neuronaux", et ne s’explique pas "seulement par ce qui se passe dans le cerveau". C'est donc "à chacun des acteurs, sur le terrain, qu’il appartient de faire un lien entre la théorie qu’il s’est appropriée, et la pratique qu’il est devenu capable de mettre en oeuvre".

Jacques Bernardin (GFEN) "plaide pour des formations non seulement collectives (équipes de cycle, d’école, d’établissement, de bassin, de réseau…)" qui permettent de "constituer progressivement une culture commune" et "de projeter une harmonisation des objectifs et des visées éducatives, au-delà des différences de niveaux, de disciplines et de styles pédagogiques". Alain Yaiche s'inquiète du "chemin qu'il reste à parcourir avant d'assister à l'avènement de la profession" et ajoute que "la lecture de la circulaire de rentrée n'y changera rien…"

Pour Alain Bouvier d'ailleurs, "ce ne sont pas les structures de formation qu’il faut changer une nouvelle fois, ni la formation des maîtres qui serait à nouveau à modifier (Stop ! Pitié !!) mais le recrutement des enseignants et ceci de façon radicale", en jouant sur les salaires pour "rendre plus attractives les académies et les filières qui ne le sont pas". L'ancien recteur plaide en outre pour des recrutements au niveau local, "sur profil".

Le site d'Education & Devenir ici

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