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Comment les enfants intégrent-ils les incohérences orthographiques du français? (travail de thèse)

Paru dans Scolaire le jeudi 15 avril 2010.

 Il existe un consensus pour estimer que l’inconsistance orthographique du français  est un obstacle majeur à son apprentissage. Comment les mots irréguliers sont-ils néanmoins progressivement assimilés par l'enfant? Marie-Claire Hazard (Université de Nice Sophia-Antipolis) propose, dans une thèse, quelques éléments de compréhension. Selon les modèles classiques, rappelle la doctorante, les enfants écriraient les mots réguliers ou rares en se fondant sur le lien son/écrit. En revanche, l'écriture des mots irréguliers ou fréquents ferait intervenir leur mémoire, l'élève allant "récupérer" l'orthographe du mot dans ses souvenirs. "Chez l’enfant, les deux voies sont longtemps mal coordonnées, se traduisant par une lecture-devinette et une orthographe d’autant plus approximative que les mots, et plus généralement la langue, sont plus inconsistants." Ainsi, si les exercices d’épellation et dictées sont inutiles pour les élèves italiens ou finnois (leur langue est transparente), l’élève français ne peut écrire correctement que la moitié des mots en utilisant la voie "son/écrit".

La thèse de Marie-Claire Hazard étudie les réponses de jeunes enfants mis face à un travail sur les rimes, ces rimes étant soit consistantes (dur/sur), soit inconsistantes (femme/dame). Elle relève la tendance des novices à écrire les deux rimes avec la même "orthographe phonologique", ce qui témoignerait d’un traitement "par son" de l'orthographe dans les premières étapes d'apprentissage.

L’élève intègrerait peu à peu que certains sons peuvent être traités sans erreur, avec une seule transcription possible du son (dune/lune) ; que d’autres nécessitent d’appliquer une règle, qui en ralentit l’apprentissage car il faudrait la rencontrer de nombreuses fois avant de l’assimiler; que d’autres sont inconsistants mais peuvent être partagée par plusieurs voisins, ce qui en facilite l’apprentissage (r-eine, p-eine); qu’enfin certains mots doivent être mémorisés (femme). La fréquence de rencontre du mot faciliterait son apprentissage lexical (son stockage dans la mémoire).

L'augmentation du niveau en orthographe serait amplifiée également par le niveau de lecture: Au CP, l’effet serait significatif dès janvier chez les meilleurs lecteurs et seulement en fin d’année chez les moins bons. "Après quatre mois d’apprentissage, même chez les moins bons lecteurs, les novices français ont assimilé que certains sons se transcrivent d’une seule façon alors que d’autres correspondent à plusieurs orthographes possibles", note la doctorante.

La compétence orthographique résulterait de l’interaction entre un traitement
cognitif conscient basé sur l’apprentissage explicite et des connaissances acquises implicitement dès le début et tout au long de l’exposition à l’écrit. Au final, l’enseignement viendrait mettre de l’ordre dans les savoirs implicites des enfants "en identifiant et en éliminant les erreurs durant l’apprentissage et en organisant l’espace de stockage des informations".

 

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