Réforme du Bac : les revendications de plusieurs syndicats pour l'organisation des nouvelles épreuves communes de contrôle continu, la formation et les indemnisations des enseignants
Paru dans Scolaire le lundi 28 octobre 2019.
"L'administration n'est pas un bouc émissaire !" peut-on lire dans un communiqué signé, ce lundi 28 octobre 2019, du secrétaire général de A&I UNSA, Jean-Marc Bœuf, au sujet de la mise en œuvre de la réforme du bac. Ce n'est pas le seul syndicat à monter au créneau au sujet de l'organisation, de la formation ou encore de l'indemnisation des enseignants pour les nouvelles épreuves à venir du baccalauréat, notamment depuis la publication, fin septembre, de la note du ministère envoyée à tous les rectorats, qui précise les modalités d'organisation des épreuves communes de contrôle continu (E3C). Au-delà du fond, toujours beaucoup contesté, les syndicats s'insurgent contre la volonté du ministère de l'Éducation nationale de faire passer la première série de ces E3C qui compteront pour 30 % de la note finale du baccalauréat (lire ici), dès le mois de janvier 2020 dans les classes de premières générales et technologiques.
Ce syndicat, comme d'autres, entend dénoncer une mise en œuvre de la réforme du bac "sans plus se préoccuper de comment et surtout avec quoi [l'intendance] suivra". Face à un déploiement "dans l'urgence, si ce n'est la précipitation", et alors que "les moyens manquent" et que les personnels administratifs de toutes catégories C, B, A, "subissent les conséquences des défauts d'organisation et de moyens subis par leurs collègues des services", le syndicat demande au ministère "de prendre toutes mesures utiles pour répondre aux questions soulevées" et, surtout, "à être plus étroitement associé, de manière générale, à toutes réformes y compris pédagogiques qui ont un impact sur les personnels administratifs dont il est le premier des mandataires".
Indemnisation des nouvelles épreuves : que le ministère applique les textes
Du côté du SNES, qui dénonçait déjà dans une analyse publiée le 8 octobre dernier le caractère contradictoire de la note du ministère qui affirme "préserver le caractère national de l'examen" via ces E3C, alors que les sujets, comme leur organisation, relèveront du local, on s'inquiète du fait que le ministère "laisse entendre ces derniers jours qu'il engagerait une réflexion sur l'indemnisation des nouvelles épreuves du bac". Pas besoin "d'inventer" ce qui existe déjà, le ministère, estime le syndicat, doit appliquer les textes réglementaires qui existent depuis 2012 (la rémunération pour participation aux travaux des jurys des examens et concours est fixée par les arrêtés du 13 avril 2012 pour l'Éducation nationale et du 9 août 2012 pour l'Enseignement supérieur). Le syndicat réclame même une revalorisation de l'ensemble du système indemnitaire, et ce d'autant, affirme-t-il, que ce même ministère refusait déjà d'appliquer ces textes aux épreuves de compétences expérimentales (ECE) et aux épreuves en cours d'année de langues vivantes (ECA).
CGT Éduc'action et Sud Éducation suivent de leur côté une même lignée. Dès le 10 octobre, Sud Éducation, qui réclame comme le SNES le paiement des corrections "au même taux qu'aujourd'hui", réaffirmait son refus du contrôle continu et de sa mise en oeuvre "dès janvier". Le syndicat appelle, "face à ce démantèlement d'un bac national qui discrimine toujours davantage les élèves et pèse sur les conditions d'enseignement et de travail des professeurs et des élèves" à "amplifier les actions contre la réforme" (refus collectif ou démission de la charge de professeur principal, boycott des réunions de mise en œuvre de le, grève des examens de contrôle continu, séquences pédagogiques d'évaluation à 20/20...).
Sud Éducation souhaite une organisation des E3C par le SIEC d'Île-de-France et les rectorats, non par les établissements
Surtout, il demande le report épreuves d'E3C de première "en une session unique en juin à caractère national", et l'organisation de ces épreuves par le Service interacadémique des examens et concours (SIEC) en Île-de-France et par les rectorats en région, "afin de garantir un véritable anonymat et de taire la provenance concrète des copies".
Quant à la CGT Éduc'action, qui parle d' "organisation chaotique des E3C", elle dénonce une "machine à évaluer perpétuelle qui aggrave les conditions d'étude des élèves et augmente considérablement la charge de travail des personnels", elle "exige" carrément "l'abandon définitif des épreuves communes de contrôle continu du deuxième trimestre de première", fustigeant un ministère qui "se moque bien des inquiétudes légitimes des personnels qui doivent faire passer à leurs élèves une épreuve de baccalauréat dans une impréparation totale et sans avoir la moindre idée de ses modalités d'organisation puisqu'il renvoie, de fait, ces questions à l’autonomie des établissements". Elle appelle d'ailleurs les personnels à se réunir dans les établissements concernés pour débattre de la tenue de ces E3C.
La Société des agrégés réclame un bilan de l'offre de ressources humaines "de proximité"
Le SNFOLC (Syndicat national Force ouvrière des lycées et collèges) condamnait aussi, dans un communiqué en date du 10 octobre, les épreuves communes de contrôle continu (E3C) et rappelait son opposition à cette réforme du baccalauréat qui transforme, dit-il, un examen national en diplôme "fait maison", et alourdit aussi les charges des enseignants, notamment en termes de corrections de sujets, puisque "chaque établissement, voire chaque classe aura les siens".
Enfin, la Société des agrégés s'inquiète particulièrement de la formation initiale et continue des professeurs, "jugée insuffisante", mais aussi de "la situation matérielle et morale des professeurs". Celle-ci réclame notamment un audit de la formation au sein des INSPÉ (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation) avec des questionnaires anonymes remplis par les stagiaires et recueillis par des personnes indépendantes, l'établissement d'un bilan de l'offre de ressources humaines "de proximité" (nombre de professeurs accompagnés, solutions proposées, évolution effective) et le paiement de la deuxième heure supplémentaire obligatoire à un tarif majoré.
Camille Pons