Suicide d'une directrice d'école : Jean-Michel Blanquer, à "la recherche d'un consensus", annonce un Comité consultatif national.
Paru dans Scolaire le vendredi 04 octobre 2019.
Dans une courte vidéo (2'26), Jean-Michel Blanquer s'est adressé, hier 3 octobre, jour des obsèques de Christine Renon, aux directrices et directeurs d'école. Le ministre de l'Education nationale leur fait part de son émotion et évoque "un drame" qui "nous amène à chercher des réponses à des problèmes que nous connaissons depuis longtemps, parce que la direction d'école pourrait bénéficier de meilleures conditions dans notre pays".
"Les missions ont changé, elles se sont densifiées, elles se sont diversifiées, multipliées, sans qu'il y ait jamais eu toujours la réflexion de fond permettant de réfléchir sur les missions, les statuts. Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a jamais eu de consensus sur cette question. Il est de ma responsabilité de dégager ce consensus."
Le ministre ajoute qu'il devait rencontrer le jour même les partenaires sociaux dans le cadre du CTM (comité technique ministériel) et qu'il allait "leur proposer d'avancer ensemble vers des solutions communes". Il en appelle à "l'esprit d'unité", rappelle que tous sont "dans le même bateau", et convient de ce que "ce n'est pas un sujet facile".
Selon un communiqué de SE, diffusé ce 4 octobre, le ministre est bien intervenu lors du Comité technique ministériel. Il a annoncé la création d’un "comité consultatif national sur la direction d’école dans le cadre de la réouverture de l’agenda social. Il a également prévu un questionnaire à destination des directeurs d’école et la création d’un groupe permanent de consultation des directeurs à l’échelle départementale."De plus, il a accédé à notre demande intersyndicale d’un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ministériel sur la prévention des actes suicidaires".
Le syndicat UNSA des enseignants juge ces annonces "positives" mais il demande des mesures d’urgence : "report de tâches administratives non essentielles, octroi de journées de décharge supplémentaires avant les vacances d’octobre ainsi que de réunions de directeurs sur le temps de classe, dès le mois de novembre". Doivent suivre, toujours selon le syndicat, des mesures concernant "les décharges et le soutien pour le traitement des tâches administratives"
A noter
A noter que les syndicats enseignants ont des approches différentes, mais, en dernière analyse, des positions proches, qui leur sont dictées par leurs mandants. Dans leur très grande majorité en effet, les professeurs des écoles redoutent un changement de statut qui ferait des directeurs d'école des chefs d'établissement, alors qu'ils sont actuellement des égaux, même s'ils ont des missions spécifiques. Outre la création d'un échelon hiérarchique, les personnels craignent qu'une logique de rationalisation des moyens n'amène au regroupement des écoles pour constituer des établissements de taille comparable à celle des collèges, un sentiment que partagent les élus de petites communes qui perdraient leur école. En revanche, tous estiment que les directeurs n'ont pas les moyens nécessaires à l'accomplissement de leurs missions, notamment depuis que leur a été retirée l'assistance administrative de contrats aidés, une solution qui n'était pas satisfaisante mais qui palliait certaines difficultés.
A noter encore que la pétition "Plus jamais ça !" a dépassé, ce 4 octobre dans la matinée, les 107 000 signatures (en deux jours) (ici)
La vidéo ici