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Des états généraux de l'Education prioritaire organisés par la FSU, en l'absence de politique ministérielle

Paru dans Scolaire le mercredi 02 octobre 2019.

Le colloque que la FSU a organisé, ce 2 octobre, pour témoigner de son engagement "pour l'éducation prioritaire" verra "ses travaux prolongés par des Etats généraux de l’Education prioritaire" que la fédération syndicale organisera au début de l’année prochaine. Il s'agit, explique sa secrétaire générale d' "interpeller le ministre" qui "cherche à gagner du temps alors qu' "il y a urgence à prendre des mesures".

Le sentiment d'un "désintérêt" de Jean-Michel Blanquer pour la question s'est exprimé à plusieurs reprises dans la matinée, d'autant qu'au ministère, le chef du bureau chargé du suivi de l'éducation prioritaire n'a pas été remplacé depuis son départ il y a un an, et qu'aucun bilan de la réforme "Peillon" n'a été réalisé. La FSU a interrogé les personnels et quelque 1 600 questionnaires ont été remplis, dont un bon tiers par des "non-syndiqués". Si les conditions de travail se sont un peu améliorées depuis 2013, année de la précédente enquête, surtout en REP+ et dans le 1er degré, elles restent difficiles, notamment dans les maternelles REP+ où 40% des classes comptent plus de 26 élèves. Un tiers des personnels déplorent le manque de moyens, 27 % un climat scolaire "difficile" (mais 43 % le jugent bon), 78 % manquent de temps pour le travail en équipe, surtout en REP où ils ne bénéficient pas de décharge comme en REP+. La qualité des formations est insuffisante, un petit tiers des personnels dit trouver un soutien du côté de la hiérarchie, les autres se sentent "oubliés" quand ils n'ont pas reçu d'injonctions et de pressions. Avec la question des effectifs, trop lourds sauf dans les classes dédoublées, le caractère "agressif" du management est régulièrement dénoncé. Le représentant du SNUIPP (1er degré) parle même d'une espèce de "camisole de force" qui enserre les professeurs des écoles lorsque les inspecteurs et conseillers pédagogiques se font les relais insistants des "recommandations" ministérielles.

Orateur de la matinée, Jean-Yves Rochex (Paris-8) s'est attaché à évoquer "les paradoxes d'une politique incertaine" depuis la création des ZEP en 1981. Celles-ci ciblaient à la fois les catégories sociales en difficulté et des territoires "où l'unité du service public était menacée". Mais l'extension du nombre des collèges concernés, de moins de 400 à plus de 1000, a contribué à minorer la question du rapport à l'Ecole des milieux populaires, et on est passé d'une logique de démocratisation de l'accès au savoir à la lutte contre les exclusions, à vouloir que les exclus aient un minimum, ce qui n'interdit pas l'accroissement des inégalités puisque, dans le même temps, les exigences à l'égard des autres élèves augmente et que l'approche des savoirs se complexifie si on en juge par les manuels scolaires. En 2014, on revient à une conception de l'Education prioritaire plus proche de celle qui prévalait initialement avec des critères nationaux, un référentiel et des plans de formation de formateurs, mais depuis, le ministère impose un pilotage par les résultats, prescrit des pratiques pédagogiques "supposées plus efficaces" et développe une "conception individualisante" des parcours scolaires.

Un label unique

Le chercheur remarque qu'on manque de travaux sur la réalité des pratiques pédagogiques en éducation prioritaire, ajoute que l'innovation à laquelle l'administration appelle n'est pas synonyme de démocratisation, mais que trop souvent, le niveau des exigences baisse à l'égard des élèves qui auraient le plus besoin, à l'inverse, d'une offre de qualité. Il n'est pas certain que le rapport Mathiot - Azéma, dont il a lu une première version, réponde à la demande du ministre qui voudrait mettre dans "un pot commun" toutes les politiques territoriales, et il se demande s'il sera jamais publié. Lui-même "plaide pour une allocation différentielle des moyens" pour "donner réellement plus à ceux qui ont moins", à la condition de conserver "un pilotage national" de façon à éviter la dissolution des moyens.

C'est aussi ce que redoute la FSU dans un contexte de restrictions budgétaires, et elle demande "un label unique pour les écoles, collèges, lycées, y compris les lycées professionnels et les lycées agricoles et maritimes". La fédération demande aussi "une meilleur accompagnement des personnels", davantage de travail en équipe, des formations de qualité, la fin du "management injonctif". Elle demande encore l'appui des collectivités territoriales "pour faciliter l’accès des enfants et des jeunes à la culture".

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