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De leur enseignement facultatif à la possibilité de les utiliser pour les examens : une diversité d'ambitions pour les langues régionales et minoritaires dans les pays de l'UE (Rapport Eurydice)

Paru dans Scolaire, Culture le mardi 01 octobre 2019.

Le réseau européen d'information sur les structures, les systèmes et les développements nationaux et européens dans le domaine de l'éducation "Eurydice" vient de publier un rapport sur "L'enseignement des langues régionales ou minoritaires à l'école en Europe". Ce rapport offre un "bref aperçu" des efforts stratégiques déployés en Europe pour soutenir l'enseignement de ces langues à l'école. Si des pays ou États apparaissent dynamiques, comme la Suède, la Slovénie, ou encore le Royaume-Uni, tant au travers de mesures indépendantes que de programmes à plus grande échelle en faveur des langues parlées dans certains de leurs territoires ou nations, la France est très peu citée dans ce document de 34 pages. Si elle a intégré des références à ces langues dans sa législation, les enseignements restent en effet facultatifs, alors que d'autres pays ont poussé jusqu'à l'obligation de les enseigner à l'école (dans les territoires où elles sont parlées), voire la possibilité, dans certains endroits, de passer des examens nationaux, y compris jusqu'au baccalauréat, dans ces langues.

Au regard de l'état des lieux et des focus proposés dans ce rapport, trois nations au Royaume-Uni semblent en effet afficher des politiques volontaristes pour encourager l'enseignement des langues régionales mais aussi leur pratique hors l'école. L'Écosse soutient notamment plusieurs mesures, qui vont de l'encouragement à promouvoir ces langues dans et hors l'école, jusqu'à l'obligation pour les écoles de prévoir un enseignement dans ces langues (le gaélique et le scots). Depuis depuis décembre 2018, elle donne même la possibilité aux élèves qui parlent le gaélique de passer leurs examens nationaux dans cette langue, afin que ces derniers puissent "bénéficier d'un traitement égal à celui de leurs pairs anglophones". Une mesure apparemment rare dans l'UE, puisqu'on ne la retrouve qu'en Roumanie.

De la mesure à l'école au programme stratégique dans et hors l'école

En Écosse, l'encouragement dépasse aussi le cadre du système éducatif, puisque là-bas aussi, un programme national pour le gaélique 2018-2023, initié par le Bòrd na Gàidhlig (organe exécutif public, indépendant des conseils régionaux écossais, établi et contrôlé par le gouvernement écossais et chargé de diriger la préparation et l'application du Programme national pour la langue Gaélique), a été mis en œuvre pour soutenir des initiatives plus générales pour promouvoir ces langues au sein de la société. Elles concernent autant le gaélique que le scots.

Au Royaume-Uni, deux autres territoires affichent aussi une politique assez dynamique en la matière. En Irlande du Nord, la législation requiert la promotion et la facilitation du développement de l'enseignement en irlandais, même s'il n'y a pas d'obligation, comme en Écosse, de prévoir cet enseignement.

Le Pays de Galle compte quant à lui parmi les rares États repérés comment ayant mis en œuvre des "initiatives à grande échelle". Sa stratégie "Cymraeg 2050" et son plan d'action 2017-2021 "Welsh in Education" prévoit notamment la conception d'un nouveau programme d'études pour l'apprentissage du gallois, d'aider le personnel enseignant à mener à bien ce programme et d'encourager les occasions d'utiliser le gallois dans divers contextes, au sein de l'environnement scolaire comme en dehors.

De l'appui aux enseignants à l'incitation à se former pour enseigner en langues régionales

Parmi les autres pays où Eurydice relève des initiatives intéressantes, figure aussi la Suède. Outre avoir inscrit cet enseignement dans les textes, le pays apporte un soutien spécifique aux enseignants, en leur proposant des séminaires de formation et en garantissant la disponibilité de manuels et de supports pédagogiques. Appui que l'on retrouve également en Slovénie, autre pays parmi les plus souvent cités dans le rapport. Dans ce dernier pays, en plus de pouvoir trouver un enseignement de l'une des langues régionales, l'italien, dans certains établissements scolaires, d'autres proposent un enseignement bilingue avec cours en slovène et en hongrois pour la plupart, voire la totalité des matières.

En matière d'appui aux enseignants, les auteurs du rapport relèvent aussi une initiative originale en Hongrie. Dans ce pays, on propose une bourse aux étudiants de l'enseignement supérieur pour les inciter à obtenir les qualifications nécessaires pour enseigner dans une langue minoritaire au sein d'établissements préprimaires.

Enfin, certains pays se distinguent, comme l'Allemagne, la Pologne ou la Macédoine du Nord, parce que l'enseignement de ces langues est complété par celui de l'histoire et de la culture de certaines communautés minoritaires.

Garantie "législative" de cet enseignement en France, mais sous un mode facultatif

La France fait partie des pays les moins cités dans le rapport. Mais elle l'est notamment pour avoir fait évoluer sa législation, depuis septembre 2017, pour encourager et soutenir l'enseignement des langues régionales. Mesure quand même notable car l'existence de documents juridiques qui encouragent ou garantissent cet enseignement ne semble pas répandue (Eurydice cite auss la Lituanie, la Slovaquie, la Suède, l'Écosse, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro).

Néanmoins, si la législation en France mentionne plus de 10 langues à soutenir, aucune mesure n'a de caractère obligatoire en France. De nouveaux cours facultatifs ont été intégrés au programme d'enseignement non obligatoire et les systèmes existants sont plus flexibles : on peut prendre une langue régionale en tant que deuxième langue ("Langues et cultures régionales") en 6e et suivre un enseignement des langues et cultures régionales de la 6e à la 3e (2 heures par semaine au maximum). La toute récente réforme du lycée général et du baccalauréat actuel vient d'entraîner par ailleurs la création d'une nouvelle spécialité "Langues, littératures et cultures étrangères et régionales". Cet enseignement "intensif", de 4 heures par semaine en première et de 6 heures par semaine en terminale, doit être proposé dans plusieurs langues régionales dès cette année.

40 à 50 millions de personnes parlent une langue régionale ou minoritaire dans l'UE

34 pays européens participant au programme Erasmus+ de l'Union européenne (UE) ont été observés par le réseau pour la production de ce rapport, soit 26 des 28 États membres de l'UE auxquels s'ajoutent l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Suisse, l'Islande, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie et la Turquie, et hors Bulgarie, Grèce, Liechtenstein et Norvège. Cet état des lieux fait suite à une recommandation faite en mai 2019 par le Conseil de l'Europe. Ce dernier encourageait les États à appliquer "des approches globales pour améliorer l'enseignement et l'apprentissage des langues aux niveaux national, régional, local ou scolaire", et à "soutenir la sensibilisation linguistique, notamment en valorisant la diversité linguistique des apprenants et en l'utilisant comme une ressource d'apprentissage".

Ce soutien à la diversité linguistique, dans le système éducatif mais aussi dans la société, est une ambition que porte l'UE depuis déjà quelques années. Elle l'avait notamment inscrite dans la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (CELRM) ratifiée par 25 États. L'UE compte 3 alphabets et 24 langues officielles, auxquelles s'ajoutent quelque 60 langues parlées dans certaines régions ou par certains groupes. 40 à 50 millions de personnes parlent une langue régionale ou minoritaire.

Le rapport "L'enseignement des langues régionales ou minoritaires à l'école en Europe" - Eurydice - 2019 ici

Camille Pons

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