Vers une meilleure prévention du décrochage en LP et en CFA ? (Note du Céreq)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 19 septembre 2019.
"La concentration en LP et en CFA des situations d’orientation par défaut, sources majeures du désengagement et de la démotivation qui conduisent au décrochage, invite à renforcer les actions en faveur de l’orientation choisie". C’est la conclusion d’une note du Céreq qui compare la prévention du décrochage en lycée professionnel et en CFA.
La question de la prévention du décrochage "est d’autant plus cruciale que la majorité des décrocheurs sont issus des lycées professionnels et des centres de formation d’apprentis", soulignent les auteurs de la note. Une prévention qui ne peut pas être similaire étant donné les différences de statut entre les deux types de formation : "En LP, le décrochage s’apparente en effet en grande partie à l’échec scolaire et sa prévention privilégie la lutte contre l’absentéisme" alors qu’en CFA, "la question du décrochage apparaît avec les résiliations de contrats d’apprentissage, dès lors qu’elles entraînent l’arrêt du parcours de formation".
Des responsabilités différentes
Autre différence, les élèves de LP sont sous "la responsabilité directe d’un établissement qui a pour mission de les préparer à obtenir un diplôme professionnel leur permettant de s’insérer dans la vie active et/ou de poursuivre leurs études" - une responsabilité qui couvre toute la scolarité en établissement et lors des stages –, alors qu’en CFA la responsabilité est "fondée sur une logique contractuelle", l’apprenti étant "placé dans un rapport de subordination particulier vis-à-vis de son employeur, lequel est responsable de sa formation tant dans l’entreprise qu’au CFA". Une différence qui implique que dans les LP "les stages ne sont considérés ni comme des périodes à risque, ni comme des leviers de prévention".
Dans les CFA, selon la note, les causes des résiliations de contrat sont "d’abord liées à la qualité des relations entre apprentis et employeurs, et au décalage qui peut exister entre les conditions réelles du travail en entreprise et les représentations que s’en faisait le jeune a priori". En LP, "l’échec scolaire étant identifié comme cause principale du décrochage, les actions de repérages et de prévention portent sur les absences, la discipline (sanctions et punitions), les ruptures de scolarité (abandons, exclusions par le conseil de discipline) et les réorientations en cours d’année".
Une réflexion collective
"Dans les deux filières de formation, le décrochage fait l’objet d’une réflexion collective" mais, insistent les auteurs de la note, "tous les membres des communautés éducatives n’y participent pas à parts égales". Ils précisent : "dans les deux cas les interlocuteurs rencontrés pointent le déficit de capitalisation et de mutualisation des savoirs expérientiels des diverses parties prenantes".
En LP, les actions de prévention du décrochage sont menées au niveau des classes, des établissements et du bassin de formation pour améliorer la scolarité des lycéens et renforcer l’attractivité des études, auxquelles s’ajoute un suivi individualisé des élèves. Dans les CFA, la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel change la donne. Pour le Céreq, "le fait que la responsabilité de l’apprentissage incombe désormais principalement aux branches professionnelles, et donc aux employeurs, plaide en faveur de la mise en place de règles garantissant une formation en entreprise de qualité". Par ailleurs, le rapprochement des deux voies de formation "invite à faire en sorte que, quels que soient leurs statuts et leurs établissements, les jeunes bénéficient de services d’accompagnement répondant à des normes de qualité fondées sur un suivi individualisé".
BREF Bulletin de recherches emploi formation du Céreq, N°380/2019 (ici)
Colette Pâris