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EXCLUSIF. Violences scolaires : les réponses les plus efficaces sont dans l'établissement (G. Fotinos)

Paru dans Scolaire le vendredi 13 septembre 2019.

Face à la violence en milieu scolaire, ce sont les structures internes de remédiation et la mise en place de commissions éducatives qui sont considérées comme les plus efficaces par les personnels de direction tandis que les équipes mobiles de sécurité et les assistants chargés "de prévention et de sécurité" sont notés 0. C'est l'un des enseignements d'une étude que publie Georges Fotinos (avec la CASDEN). L'inventeur du concept de "climat scolaire" a mené l'enquête dans l'académie de Lyon, les données recueillies émanent de près de 6 établissements du second degré sur 10 (près de 120 000 élèves) et permettent de leur donner une valeur nationale.

Ce sont les lycées professionnels et les collèges relevant de l' "éducation prioritaire" qui signalent le plus d'incidents et qui prononcent le plus d'exclusions temporaires ou définitives. Ces dernières concernent 1 % des élèves contre moins d'1‰ dans les lycées d'enseignement général.

Le statut antérieur du chef d'établissement

L'auteur souligne qu'une douzaine d'établissements (sur quelque 180) "n’ont effectué aucun signalement" et n’ont jamais réuni de conseil de discipline. Seuls trois "n’ont jamais procédé à des exclusions temporaires", une quinzaine "n’ont jamais procédé à des exclusions définitives". Ce sont pour l'essentiel des collèges hors Education prioritaire et des LEGT.

Il souligne l'importance du statut antérieur du chef d'établissement. Ce sont les anciens enseignants du 1er degré qui réunissent le moins de conseils de discipline dans l’année et les CPE le plus. Il note encore qu'un quart des établissements dont les personnels de direction ont répondu "n’ont jamais mis en oeuvre de mesures de responsabilisation".

L'enquête porte d'ailleurs aussi sur une quinzaine de dispositifs institutionnels dont peuvent disposer les personnels de direction. C'est, de très loin la "Commission éducative" qui est le dispositif le plus souvent utilisé et considéré comme le plus efficace. Celle-ci réunit des personnels de l'établissement et un parent d'élèves lorsqu'un élève commence à "déraper". Viennent ensuite les structures internes de remédiation de type "SAS" pour la prise en charge d'un élève exclu de sa classe et les CESC (Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté), mais aussi le "référent police". Sont également considérés comme efficaces les PPMS (plans particuliers de mise en sécurité), les formations à la relation et à la prévention des crises. "Très nettement, ce sont la fonction de chargé de prévention et de sécurité et la cellule académique/départementale qui sont les moins fréquemment utilisées et jugées les moins efficaces."

Les dispositifs internes à l'établissement sont les plus efficaces

Georges Fotinos, interrogé par ToutEduc, regrette que ne soient pas davantage citées la relation avec les parents d'élèves, qu'il juge essentielle, et avec les associations qui assurent la prise en charge d'élèves exclus temporairement. Plus globalement d'ailleurs, les dispositifs internes à l’établissement (commission, comité, formation, accompagnement) sont jugés les plus efficaces. "Le recours à des partenariats extérieurs est moins fréquent et paraît (aux personnels de direction) moins susceptible d’être adapté à la lutte contre la violence dans leur établissement (...) Quant à la participation des partenaires institutionnels comme la justice et la police (qui datent respectivement de 1991 et 1992) elle s’est révélée particulièrement utile lorsqu’elle était associée à la prévention, à la formation et montrait une réactivité en pleine confiance avec l’établissement."

L'enquête porte aussi sur la victimation des personnels de direction, dont près de la moitié dit avoir été insulté, le plus souvent par des parents, moins souvent par des élèves, rarement, mais le fait mérite d'être relevé, par des personnels qui sont en revanche très largement cités (un tiers des cas) comme auteurs de harcèlement, les deux autres tiers étant des parents. Si les insultes, les bousculades, voire les coups sont plus fréquents dans les collèges "éducation prioritaires" et les lycées professionnels, les cas de harcèlement sont assez bien répartis.

Des personnels ostracisés

Les deux tiers, voire les trois quarts des personnels de direction, selon la catégorie d'établissement, souffrent des "injonctions paradoxales" de l'institution. Ils sont encore plus de 4 sur 10 à se plaindre de "violences entre adultes de l'établissement". Ils sont 16 % à considérer qu'ils sont "victimes de l’ostracisme d’une partie de leurs personnels" et un tiers à dénoncer "la posture de groupes d'enseignants". Ce sont surtout les plus jeunes et ceux qui sont issus du 1er degré. Pour Georges Fotinos, le phénomène prend une dimension nouvelle et inquiétante.

L'étude "Les établissements et les personnels de direction de l'académie de Lyon face à la violence en milieu scolaire, une étude académique à vocation nationale" devrait être accessible dans quelques semaines sur le site de la CASDEN, et elle sera présentée aux personnels d'encadrement de l'académie de Lyon à l'initiative du recteur.

Denière minute : L'étude sera mise en ligne le 1er octobre

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