Quels principes pour améliorer la formation des enseignants ? (dossier de veille de l'IFE)
Paru dans Scolaire le jeudi 05 septembre 2019.
Le métier enseignant a fortement évolué et les enseignant.e.s débutant.e.s sont les "éclaireurs mal-gré eux" d’un métier en mutation. Le sujet est d'importance, puisque cette mutation du métier est "potentiellement déstabilisante pour les enseignant.e.s" qui doivent en permanence adapter ce qu'ils avaient prévu "en fonction de contraintes internes à la classe", questions de discipline par exemple, "ou en fonction de contraintes externes, qui vont des conditions météorologiques aux nouveaux programmes à mettre en place, en passant par l’installation des compétences clés européennes". C'est ce qui "peut expliquer aujourd’hui les difficultés, dans de nombreux pays, à recruter et former des enseignant.e.s", et c'est partant de ces constats que Claire Joubaire s'interroge sur leur formation initiale dans le dernier "dossier de veille" de l'IFE.
La complexité s'accroît encore si on considère qu'il est "difficile d’établir un portrait uniforme des enseignant.e.s débutant.e.s". Certes, si on considère le 1er degré en France, on a un profil type, une jeune femme "pourvue d’un baccalauréat général et d’une licence en sciences humaines et sociales ou en art, lettres et langues", mais il "ne correspond qu’à une petite part des admis.e.s au concours" et "on a plutôt une pluralité de modèles qui aboutit à accueillir dans les ESPE une population d’étudiants et des fonctionnaires stagiaires aux cursus et aux profils très divers". Tous pourtant se heurtent au "choc de réalité" et aux "écarts souvent flagrants et troublants entre les prescriptions institutionnelles et les avis ou pratiques de leurs collègues déjà en poste".
Et ils se montrent critiques vis-à-vis de leur formation initiale, "particulièrement au sujet des apports transversaux, notamment des disciplines de sciences humaines et sociales", dénonçant leur "manque d’opérationnalité". Un rapport sénatorial (Brisson et Laborde, 2018) recommande d'ailleurs d’ "alléger les maquettes de tronc commun, les resserrer sur les formations indispensables à la prise de poste et développer les formations complémentaires dans le cadre de la formation continue rénovée". Cela supposerait "l’institutionnalisation d’un accompagnement pour l’adaptation à l’emploi, qui constituerait le prolongement de la formation initiale et qui s’étendrait sur les trois premières années d’exercice".
Une chercheuse américaine, professeure à Stanford, Linda Darling-Hammond a analysé les caractéristiques des systèmes de formation "de pays ou d’États qui ont un système éducatif reconnu comme performant", Finlande, provinces de l'Alberta ou de l'Ontario au Canada. Certains mettent l’accent sur la formation initiale, d'autres sur l’accompagnement des premières années d’enseignement, mais tous "proposent une organisation systémique de la formation" et "comprennent des composantes multiples, cohérentes et complémentaires".
En Europe, le "Common European Principles for Teacher Competences and Qualifications" énonce plusieurs principes : l'enseignement devrait être "une profession hautement qualifiée", "tournée vers la mobilité", "fondée sur le partenariat et le travail collectif" et "qui suppose une formation tout au long de la vie". Le document identifie encore trois compétences clés, "travailler avec les autres (élèves et collègues)", "travailler avec et dans la société", "travailler en utilisant ses connaissances, qu’elles soient disciplinaires, transversales ou numériques".
"Commencer à se former pour enseigner", Claire Joubaire, dossier de veille de l’IFÉ (ici)