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La faiblesse de la réflexion sur les programmes témoigne d'une crise très profonde de l'Ecole (R-F Gauthier)

Paru dans Scolaire le dimanche 01 septembre 2019.

"Tout a l'air superbement organisé, dessiné, prévu, pour que tous les élèves aient leur place et poursuivent une évolution bien cadrée", mais c'est une illusion, en réalité, "il n'y a pas de système éducatif", "il n'y a jamais eu d'architecte ! Jamais de plan d'ensemble. Seulement un agrégat." Roger-François Gauthier porte un regard très sévère sur notre école, dont il examine les faiblesses à l'aune de la "crise des programmes scolaires".

Cela ne date pas d'hier. Quand on a décidé avec la réforme Haby de 1975 que tous les élèves iraient au collège "pour y suivre les mêmes études, on s'est très peu préoccupé de savoir ce qu'on devrait enseigner dans ce nouveau collège". Ce n'est pas spécifiquement français. Dans beaucoup de pays, sont enseignés "des savoirs inutiles, morts, périmés", quand ce ne sont pas "des incitations à la haine, à la guerre, des mensonges". Et d'ailleurs, quel dispositif nous garantit "que l'école française n'enseigne pas aujourd'hui ce qui sert telle ou telle idéologie, sans le dire" ? L'auteur, inspecteur général honoraire, s'inquiète de notre "incapacité à définir des finalités" tandis que les programmes changent avec chaque alternance et que s'accumulent les injonctions. "Le bilan est confus, rien n'est prouvé, les pages ne sont écrites qu'à moitié, aucune forme stable n'est créée" en ce qui concerne les modes d'élaboration des programmes au point que l'ancien membre du Conseil supérieur des programmes se demande si, en réalité, notre école n'est pas "indifférente aux savoirs". Les lycéens d'ailleurs ne s'y trompent pas, ils choisissent les enseignements, mathématiques et langues anciennes notamment, en fonction de stratégies sans rapport avec leurs goûts, quand ils ne subissent pas une orientation sans rapport avec leurs aspirations. "Les savoirs scolaires, quels qu'ils soient, valent-ils quelque chose ?"

Leur valeur dépend des finalités assignées, implicitement, à l'école : encourager la compétition ou créer "un lien de citoyenneté fort entre élèves" ? transmettre des valeurs qui constituent une identité ou s'ouvrir à de nouvelles manières de penser ? viser la sélection des élites ou "s'ouvrir vers divers stades de multiculturalisme" ? "Ces questions n'appellent jamais de réponse en noir et blanc" mais ceux qui s'intéressent aux programmes scolaires des différents pays "les retrouvent toutes d'une façon ou d'une autre sur leur chemin". Alors que les privatisations sont à l'ouvre, "partout", "l'école commune n'aura de chances de progresser (...) que si elle montre qu'à la différence des propositions du marché, elle a un sens d'ensemble : quel type d'élève, quel type de citoyen, quel type d'homme va-t-elle former ?"

Comment répondre à la question du "sens" de l'éducation ? Comment aller "vers une école de la conscience" alors que, dans tant de pays, "les enfants sont contraints dans des compétitions scolaires où on leur vole leur enfance" ? Il faut que tous les apprentissages doivent être accompagnés "de la question éthique", l'Ecole doit conduire les élèves "en position de surplomb sur les savoirs", elle doit avoir "une fonction immunitaire de base" contre "le mensonge et l'erreur", aider les élèves "dans l'entreprise de vivre" et leur permettre de "devenir conscients de leur pensée, de leur action et de leurs progrès".

"Crises des programmes scolaires, vers une école de la conscience !", R-F Gautier, Berge-Levrault, 208 p., 19€

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