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Inégalités scolaires : "la situation semble figée" (Observatoire des inégalités)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 21 août 2019.

Dans son magazine mis en ligne le 19 août 2019, la CFDT se fait l'écho des principales inégalités en France constatées par l'Observatoire des inégalités dans son troisième rapport annuel, publié le 4 juin dernier. De ce rapport, l'Observatoire livre, sur son site, l'essentiel des tendances observées en éducation, mais également en termes d'accès à l'emploi. Parmi ces grandes tendances, une inégalité persistante entre les filles et les garçons sur les bancs des écoles d'ingénieurs, écart qui ne se résorbe pas, ou si faiblement qu' "à ce rythme, il faudrait 170 ans pour atteindre la parité", analyse l'Observatoire. Et globalement, en matière d'inégalités scolaires, la situation "semble figée" au-delà même de cette inégalité entre les sexes, puisque les auteurs du rapport constatent également une influence toujours pregnante de l'origine sociale sur les parcours.

Si les filles représentent 28,1 % des élèves en écoles d'ingénieurs, que leur part "a pratiquement cessé de progresser" (dix ans plus tôt, en 2005-2006, elles représentaient 26,8 % des élèves), ce ne sont en effet pas les seules dont les parcours sont marqués par des inégalités persistances. Dans le domaine de l'éducation, les enfants dont les origines sociales sont les plus modestes voient, dès le plus jeune âge, leurs parcours davantage impactés que les enfants plus favorisés : à l'école, dans le supérieur, puis dans l'emploi.

Des petites classes au supérieur, un écart qui se creuse encore selon les origines sociales

Ainsi, écrit l'Observatoire, "dès les petites classes, l'origine sociale des enfants influence fortement leurs résultats scolaires. En CE2, les élèves les moins favorisés obtiennent une note moyenne de 57 sur 100 en français et 58 en mathématiques, pendant que le quart le plus favorisé atteint 87 et 85 respectivement". De même, la catégorie sociale des parents influe déjà à la fin du collège sur l'orientation, puisque le taux d'accès des élèves d'origine sociale défavorisée en seconde générale ou technologique est deux fois moins élevé que pour les élèves d'origine favorisée (42,4 % contre 84,8 %).

Et dans l'enseignement supérieur, "les écarts se creusent encore". Il y a toujours près de 3 fois plus d'enfants de cadres que d'enfants d’ouvriers dans l'enseignement supérieur, même si, nuance l'observatoire, "il est vrai aussi que la part d'ouvriers diminue dans la population". Et ils sont surtout particulièrement peu représentés dans les filières sélectives (7 % des élèves de classe préparatoire aux grandes écoles et 4 % des effectifs des écoles de commerce contre 12 % des étudiants dans les autres filières), y compris à l'université dès lors que l'on passe à des niveaux également sélectifs puisqu'ils passent de 13 % en licence, à seulement 9 % en master et 7 % en doctorat. "Seule exception notable", leur représentation en BTS "à la hauteur de leur part dans la population".

Des réformes scolaires qui "ne touchent pas à la manière de concevoir l'école"

L'Observatoire signale en revanche une baisse de 2,4 points sur 10 ans de la part des jeunes qui quittent le système scolaire avec un faible niveau d'éducation (de 11,3 % à 8,9 % entre 2007 et 2017). Pour autant, pour l'accès à l'emploi, c'est le diplôme qui constitue "la fracture la plus grave", constate encore l'Observatoire : ainsi, le taux de chômage des non-diplômés est 3,7 fois plus élevé que celui des titulaires d’un diplôme du supérieur long qui connaissent pratiquement le plein-emploi. Et cet effet diplôme "est également décisif" dans le domaine de l'insertion professionnelle, puisque la précarité touche davantage les premiers, et de manière aussi importante. Trois ans après leur sortie de l'école, les jeunes non diplômés en emploi sont 3,6 fois plus souvent en contrat précaire (CDD ou intérim) que les diplômés de niveau bac + 5 (65 % des premiers sont dans ce cas contre 18 % chez les autres). Précarité qui, en outre, constitue un "phénomène inquiétant", puisqu'elle augmente depuis 2014, après une stabilisation de près de dix ans.

En cause notamment dans cette faible "démocratisation sociale", selon l'Observatoire : des réformes scolaires actuelles (concernant la taille des classes, l'orientation post-bac et les filières de lycées notamment) qui "ne touchent pas à la manière de concevoir l'école".

L'essentiel des inégalités d'éducation ici

Camille Pons

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