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Des lycéens du 93 publient un travail sur leurs conditions de travail "à peine croyables" et sur leur adhésion aux valeurs d’égalité républicaines

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le lundi 24 juin 2019.

Un exercice "en vrai" et qui n’est pas une bouteille à la mer. Il a déjà valu aux élèves du lycée Jacques-Feyder d’Épinay-sur-Seine une pleine page Idées dans le quotidien Le Monde daté de samedi 22 juin ainsi qu’une émission en direct sur Europe 1, le dimanche 23, et premier résultat visible du travail écrit en groupe proposé par leur enseignante, coordonné par un atelier d’écriture de l’association Solidarités laïques, la réception ce lundi 24 par l’Observatoire national de laïcité en présence de son président, Jean-Louis Bianco, au cours d’une cérémonie au ministère du Travail, un palais de la République, pour leur texte " Nous avons des choses à vous dire".

Un vrai chemin du combattant parcouru par eux depuis cette rentrée au lycée 2018, année de préparation du bac de français alors que leur lycée est en pleine réfection : "notre scolarité est donc censée se dérouler dans le brouhaha des travaux, dans le bruit continu des marteaux piqueurs et des perceuses, dans des salles trop petites pour nous accueillir, trop froides en hiver et trop chaudes en été, où il n’y a aucun espace abrité où nous retrouver, discuter, travailler. Et si nous sommes capables aujourd’hui de prendre la parole, c’est parce que nous avons décidé de prendre en main notre sort, et nos voix résonneront plus que le bruit des travaux."

"On avait peur de leur faire peur"

Comment s’est déroulé ce travail de groupe ? "On s’est demandé entre nous ce qui nous réunissait, venant de plusieurs origines, et on a dit ‘c’est la France’ ; on doit pouvoir de nos jours être, apporter en étant française et algérienne ou française et tunisienne, etc. J’ai alors proposé une chose écrite qui m’a valu des pleurs car on ne s’écoute pas dans ce pays… ma première expérience de racisme", renchérit S. Puis s’y sont mises C., M. et Y. et on a gardé des bouts de chacun des textes, puis ensuite d’autres gens sont venus s’ajouter. Ensuite on nous a dit 'il y a un atelier d’écriture avec Solidarités laïques'. J’ai hésité, on a hésité, c’était obligé car il y avait nos parents derrière et on avait peur de leur faire peur, mais finalement c’est aussi pour eux qu’on l’a fait."

"Sommes-nous moins français parce que nous vivons de l’autre côté du périphérique ?" se sont-ils alors demandé (mais il s’agit surtout d’un groupe de filles sauf un garçon) devant les "conditions à peine croyables" dans lesquelles elles doivent préparer le bac et elles répondent "nous avons deux patries et c’est cool !".

Dans un texte parfaitement rédigé, alors qu’irrite au plus point leur professeure la question qu’on lui pose souvent "c’est vraiment eux qui ont écrit ?", "je suis en colère, est-ce que cela serait pareil s’ils étaient élèves comme je l’ai été à Henri IV ?" rétorque t-elle, ils  y évoquent plusieurs sources dont la moindre n’est pas James Baldwin  dans Take this hammer "Ce que vous dites à propos d’une autre personne quelle qu’elle soit, vous révèle, vous…(…) Mais si je ne suis pas le nègre, et s’il est vrai que votre invention vous révèle vous, alors qui est le nègre ?."

Dans son allocution d’accueil, le président de l’Observatoire de la laïcité a estimé : "ce que vous avez fait est très important (…). Ces choses qui vous tenaient à cœur sont une alarme à propos de l’injustice flagrante par rapport à l’éducation ; et vous incarnez nos valeurs en exprimant votre indignation par la question Sommes-nous des citoyens à part entière avec les mêmes droits ?". Laurence Bernabeu, cheville ouvrière de l’opération rappelle que pour Solidarités laïques, "il y a des paroles de jeunes qui sont fondamentales" et que le rôle de son association est précisément de permettre que "les jeunes aient quelque chose  à dire" dans toutes les affaires les concernant.

Michel Delachair

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