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Quand un spécialiste des sciences cognitives critique les "recommandations" de J-M Blanquer (E. Gentaz, revue ANAE)

Paru dans Scolaire le mercredi 19 juin 2019.

"Si nous voulons favoriser des interactions vertueuses entre les chercheurs, leurs résultats et les enseignants en classe, il est urgent que les décideurs et cadres du MEN changent d’approches et de méthodes." Edouard Gentaz (Université de Genève et CNRS), spécialiste reconnu des sciences cognitives, signe l'éditorial du n° 160 de la revue de l'ANAE  (Approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant) et sa conclusion est sévère.

Il commence par s'interroger, comment instaurer "une dynamique de confiance" entre le monde des chercheurs et celui des enseignants, alors que le ministère de l’Éducation nationale "souligne l’importance de la prise en compte portant sur les données scientifiques dans la politique éducative" et suggère "l’avènement d’une politique éducative fondée sur des preuves" ?

Il porte pourtant un regard critique sur le Guide publié l'année dernière sur l'enseignement de la lecture et de l'écriture au CP (dit "Guide orange", ndlr) et il estime que certaines de ses recommandations pédagogiques ne sont pas "fondées sur des données provenant de la recherche". C'est le cas notamment de la préconisation "entrer par le graphème et non par le phonème", mais aussi de "celles concernant les mots-outils, la place du dessin, etc.". Et il s'inquiète : "le risque est grand d’aboutir à un discrédit très fort de la recherche", d'autant qu'elles sont "une illustration typique du dysfonctionnement du système scolaire français : ultracentralisé, pyramidal et descendant."

Que faudrait-il faire ? Edouard Gentaz plaide pour "une approche davantage décentralisée, plus horizontale, plus partagée, montante et descendante", se fondant sur une diffusion l'état de la recherche lorsqu'il fait "l’objet d’un consensus clairement établi" comme celui de l'INSERM sur la dyslexie ou du "National Reading Panel" américain. Il rappelle que l'effet moyen des "150 facteurs qui influencent le rendement scolaire des élèves" est de 0,4 écart-type, mais qu'il est largement supérieur à 1 écart-type pour les deux premiers, les 'prédictions/attentes des élèves' et les "programmes basés sur la connaissance du développement psychologique de type piagétien" (pour mémoire, le dédoublement des classes de CP a un effet de 0,1, ndlr). Second levier qui pourrait être mis en oeuvre, impliquer "des groupes d’enseignants experts". Il faudrait aussi tester l'acceptabilité des recommandations et les contraintes de leur mise en œuvre.

L'éditorial est en accès libre sur le site de la revue, ici

 

 

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