Violence scolaire: un réquisitoire contre la tolérance zéro
Paru dans Scolaire, Justice le jeudi 08 avril 2010.
Les "Etats généraux de la sécurité à l'école" doivent permettre, selon l'expression de Luc Chatel, de "dépasser l’émotion" pour "comprendre et traiter au fond la question" des violences scolaires. Le site du ministère donne accès aux vidéos des premières interventions, hier mercredi 7 avril, notamment celle de Russel J. Skiba, professeur de psychologie de l'éducation (université de l'Indiana, États-Unis). Celui-ci s'est livré à un véritable réquisitoire contre les politiques de "tolérance zéro", inventées en 1983 par R Reagan pour lutter contre la drogue, puis étendues à la possession d'armes pour les élèves, et jusqu'à l'absurde, une lime à ongle pouvant être considérée une arme. Ces politiques n'ont pas d'effet dissuasif, elles ne reposent pas sur une définition objective des faits reprochés aux élèves, elles ne prennent pas en compte l'immaturité des enfants auxquelles elles s'adressent et elles contribuent à la diminution de l'estime de soi. Elles oublient que les violences ne sont que la "partie visible de l'iceberg" et qu'il faut prendre le problème dans son entier, avec des réponses graduées.
On trouvera sur le site du Café pédagogique des résumés commentés des interventions de Luc Chatel, d'Alain Bauer, d'Eric Debarbieux et du canadien Egide Royer qui a cette belle formule: le système éducatif a un seul outil pour faire face à la violence : l'exclusion, et "quand on n'a comme outil qu'un marteau, on a le réflexe de considérer tout problème comme un clou"!