Frédérique Vidal veut imposer aux grandes écoles une diversification des voies d'admission
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 05 juin 2019.
"Augmenter significativement la part d’étudiants issus de milieux populaires dans nos grandes écoles", c'est l'un des objectifs fixés hier 4 juin par Frédérique Vidal. La ministre en charge de l'Enseignement supérieur intervenait devant la conférence des grandes écoles et elle prévient les membres de la CGE, "nous avons des obligations de résultat", et des "objectifs précis" seront fixés "après un travail d’évaluation et de concertation".
Elle a confié "la mission de formuler des recommandations ambitieuses" aux directeurs des ENS, au président de l’Ecole polytechnique ainsi qu'aux directeurs des trois écoles de commerce franciliennes, HEC, l’ESSEC et ESCP Europe. Les efforts déjà accomplis par les écoles en ce domaine "sont réels", mais "ils ne sont pas suffisants", ajoute-t-elle avec "la plus grande fermeté". Et elle interroge : "Peut-on, effectivement, sélectionner de manière égale, c’est-à-dire indifféremment, de jeunes gens aux conditions et aux opportunités radicalement différentes ?" Le mérite peut être ailleurs que chez les "bête(s) à concours" et "encyclopédie(s) vivantes". Elle évoque à l'inverse "la capacité d’un lycéen issu d’un milieu socialement fragile à se distinguer et à s’engager dans ses études malgré les difficultés que d’autres ne connaîtront jamais". Les qualités qu'il met en oeuvre "ne suffisent peut-être pas à réussir un concours" mais figurent "parmi les qualités les plus importantes que l’on attend de nos futurs décideurs".
Elle demande donc une réflexion "sans tabous vis-à-vis du concours" et suggère "le recours à des voies d’admission dédiées (...) auxquelles on pourrait notamment accéder via une préparation dont les écoles prendraient en tout ou partie la charge". Elle donne l'exemple du cycle préparatoire aux études supérieures mis en place par PSL (Paris Sciences et Lettres).
Cette réflexion de la ministre s'inscrit dans une ambition plus large sur les "politiques de site qui se construisent partout sur notre territoire" car "l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche ne peut se construire sans renforcer (les) liens de coopération et d’interdépendance" entre universités, écoles et organismes de recherche. Même si chacun a "à coeur de défendre (ses) spécificités", "il importe de faire UN". Elle prévient, "nous ne créerons pas d’établissements expérimentaux qui ne caractériseraient pas une réelle ambition de créer, ensemble, un établissement unique" qui pourra certes "laisser une place particulière" à ses composantes mais dont "tous les acteurs" s'inscriront dans la même "stratégie d’excellence".