Entre les enseignants et J-M Blanquer, la rupture (Unsa éducation)
Paru dans Scolaire le mardi 14 mai 2019.
"Nous observons une rupture de la confiance entre les personnels et leur ministre au sein de l'Education nationale", estime Frédéric Marchand. Le secrétaire général de l'UNSA éducation commente la 7ème édition du "baromètre de nos métiers" que publie, ce 14 mai, l'organisation syndicale. Les réponses de près de 26 000 personnels (dont la moitié se dit "proche de l'UNSA", 20 % d'une autre organisation syndicale, 30 % d'aucune organisation), ne donnent pas, à l'instar d'un sondage sur échantillon réprésentatif, une image précise des opinions des personnels, mais la comparaison avec les éditions antérieures, sur les mêmes questions depuis 2013, permet une mesure des évolutions. "Jusqu'à présent, ajoute-t-il, les variations étaient relativement minimes, 3 ou 4 points de pourcentage au maximum. Là, nous assistons à des bouleversements profonds auxquels nous ne nous attendions pas et qui témoignent d'un véritable mal-être de nos collègues."
Les personnels aiment le métier qu'ils exercent, à près de 93 %, un pourcentage qui ne change pas (même s'il est un peu moins fort chez les gestionnaires et chez les IA-IPR), ils sont un peu moins heureux d'exercer leur profession (77 % des enseignants, 82 % des autres personnels), mais surtout, ils ne sont plus que 34 % à se dire satisfaits de leurs conditions de travail, 9 points de moins que l'an dernier, un pourcentage qui tombe à 28 % pour les enseignants, 24 % en école primaire, pour les directeurs d'école et les médecins scolaires. Le pourcentage de ceux qui pensent que leurs conditions de travail se sont améliorées baisse de 5 points en un an.
Dans le 1er degré, 5 % d'enseignants d'accord avec la politique du ministre
Il baisse de 8 points quand on demande aux enseignants s'ils ressentent "de la reconnaissance et du respect dans leur pratique professionnelle, de 5 points quand on leur demande si leur rémunération est à la hauteur de leur qualification. La proportion de ceux qui souhaiteraient changer de métier mais rester dans le public, 38 %, augmente peu, mais ceux qui pourraient passer dans le privé augmente de 6 points, et elle est de 28 % chez les enseignants. Mais c'est surtout à la question "diriez-vous que vous êtes en accord avec les choix politiques faits dans votre secteur d'activité" que la rupture est la plus nette. De 26 % de réponses positives en 2016 et 21 % en 2018, le pourcentage des réponses positives est tombé à 10,4 % : 5 % dans les écoles primaires, 13 % dans le second degré, 42 % chez les personnels de direction du 2nd degré, 37 % chez les IEN (ils étaient 73 % à se dire d'ccord avec les choix de la ministre en 2017).
Pour Frédéric Marchand, "le fossé se creuse", les personnels ont le sentiment de ne pas être associés, pas informés, pas accompagnés. "Ce n'est pas faute d'avoir adressé au ministre des signaux d'alerte, mais il nous répond que ce n'est pas ce que lui disent les enseignants quand il va sur le terrain. L'article du projet de loi sur les établissements des savoirs fondamentaux a suscité une vraie crainte de voir disparaître les écoles. Nous avons proposé qu'il soit amendé en posant trois conditions, l'accord des conseils d'école, l'assurance que chaque école aurait encore un directeur et que celui-ci ne serait pas personnel de direction, avec un statut correspondant à celui des actuels directeurs de Segpa. Seule la première de ces conditions se retrouve dans l'amendement de la sénatrice Cartron (LREM). Quant à l'article 1er, certes il ne croit pas de droit nouveau, mais il s'inscrit dans un contexte marqué par l'autoritarisme avec, notamment, les rappels à l'ordre au moment de la passation des tests."
Le détail du baromètre ici