Dans quels lieux et à quels individus doit s’étendre l’interdiction légale de frapper un enfant? (Angleterre)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 06 avril 2010.
L’interdiction légale de frapper un enfant doit-elle ne concerner que le personnel des écoles et celui des foyers et maisons d’accueil? Faut-il étendre la législation à tous les individus en charge de l’éducation des enfants, voire aux familles elles-mêmes? Un rapport rédigé par Roger Singleton, conseiller du gouvernement pour la protection de l’enfant en Grande-Bretagne, et remis en mars, tente de déterminer comment la protection de l’enfance en matière de punitions corporelles doit évoluer.
En Angleterre, le cadre législatif actuel permet à un adulte, accusé d'avoir frappé ou giflé un enfant dont il avait la charge, d'argumenter sur la légitimité de la punition, dans la mesure où la punition corporelle est restée légère. En revanche, les professeurs, le personnel des écoles, le cadre éducatif des foyers et des maisons d’accueil, ont l’interdiction stricte de lever la main sur un enfant; ils ne peuvent avoir recours, en cas de plainte, à la défense de "punition légitime".
"Il demeure un nombre important de lieux, écoles confessionnelles à temps partiel, cours du soir, foyers familiaux, où les punitions corporelles ne sont pas légalement prohibées et où les adultes peuvent fonder leur défense sur le concept de 'punition légitime' si ils sont accusés d’avoir frappé un enfant livré à leurs soins", précise le rapport. Il estime notamment à 3000 le nombre d’écoles "supplémentaires", "complémentaires" et "communautaires". Ces écoles, diverses dans leur forme, dispensent pour la plupart un enseignement religieux, culturel et linguistique (langue maternelle) aux enfants issus de minorités ethniques. "Parmi les leaders des organisations musulmanes et des églises chrétiennes africaines que j'ai consultés, un grand nombre considère que la législation contre les punitions corporelles devrait s’étendre à tout individu extérieur à la famille, en charge du soin, de l’éducation et de l’instruction des enfants", précise Roger Singleton, qui se positionne clairement en faveur d‘une extension à ces structures du cadre législatif en vigueur dans les écoles à plein temps.
Le rapport ne pose en revanche aucune recommandation stricte en ce qui concerne l'entourage "informel " des enfants: Grands-parents, nounous, baby-sitter, nouveau conjoint...Un sondage montre que plus le lien d'un adulte à l'enfant est lâche et plus le recours à une punition corporelle est condamnée. Pour 66% des sondés, une gifle donnée à un enfant par un adulte extérieur à la famille est inacceptable (28 approuvent la punition). 58% des sondés jugent acceptable une gifle provenant d'un grand-parent. 43%, une gifle donnée par un beau-parent. "Dans l'entourage informel et familial, définir les cas où une punition serait légitime et ceux où elle ne le serait pas, serait bdifficile à mettre en pratique et compliqué à communiquer", conclut le rapport.
Au final, il recommande au gouvernement de continuer à promouvoir une parentalité positive, propre à rendre inutile le recours aux gifles et autres punitions physiques. Il encourage également les parents à faire clairement connaître aux personnes encadrant leurs enfants leur position sur les punitions corporelles.