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Les choix d'enseignements de spécialité ne confirment pas les dires de J-M Blanquer, estime le SNES

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 19 avril 2019.

"Il ne suffit pas de supprimer formellement les séries pour faire disparaître les hiérarchies de parcours plus ou moins prestigieux. Dans la réforme Blanquer (du lycée), ces hiérarchies sont certes moins visibles 'à l’œil nu', moins explicites", mais cette réforme "ne modifie donc pas les déséquilibres dans les choix d'orientation entre parcours." C'est la conclusion d'une étude du SNES. Le syndicat FSU du 2nd degré se fonde sur l'analyse des voeux exprimés au second semestre par des élèves de seconde de 18 lycées et se demande "à quoi sert vraiment" cette réforme, sinon à "supprimer des postes d'enseignants", à "instaurer la concurrence entre disciplines" et "à renforcer la concurrence entre établissements".

Si l'on considère les disciplines les plus demandées, ce sont justement les trois disciplines centrales de la série S, soit Mathématiques (66 % des voeux des 3 998 élèves dont les préférences ont été analysées), suivies de SVT (50 %) et Physique-Chimie (47 %). Viennent ensuite les SES (43 %) et HGGSP (Histoire-géographie, géopolitique, science politique) (35 %), soit les deux disciplines "qui sont au centre de la série ES", tandis que celles qui caractérisent actuellement la série L, LLCE (Langues vivantes) et HLP (Humanités, littérature et philosophie) ne sont demandées que par 33 % et 20 % des lycéens. A noter que la spécialité "langues et cultures de l'antiquité" n'est demandée que par 0,5 % des élèves.

L'analyse des "triplettes" est également riche d'enseignements. La triplette "Maths, Physique-Chimie, SVT" représente 25 % des demandes, et les combinaisons "maths et physique-chimie" ou "maths et SVT" + sciences de l'ingénieur ou "numérique et sciences informatiques" 10 %. D'autres combinaisons plus originales mais à dominante scientifique représentent près de 7 des autres "pour cent". A noter encore une combinaison avec les sciences économiques et sociales, 7%. Quelque 27 % des élèves demandent des triplettes qui reconstituent peu ou prou l'actuelle série ES et 15 % la série L.

Certaines triplettes sont plus originales, par exemple "maths, sciences économiques et sociales, langues vivantes", mais "ne font en réalité que ressusciter" des séries qui existaient jusqu'en 2010, telles "SES et langues vivantes" ou "lettres et mathématiques", voire même des séries antérieures... (la triplette maths, P-C, SVT combinée à l'enseignement facultatif de latin et du grec ressusciterait la très ancienne et très élitiste série A', ndlr).

Au total, sur les 54 triplettes demandées par les élèves, une dizaine regroupe 68 % des voeux. "Les 44 restantes n’accueillent que 32% des élèves, avec une moyenne de 2,5 élèves par combinaison." Les établissements les mettront-ils en place ? L'organisation syndicale en doute (voir à ce sujet l'analyse de ToutEduc ici)

L'étude du SNES montre, sans surprise, que les choix sont genrés, 70 % des garçons demandent l'enseignement de spécialité "mathématiques" pour 57 % des filles qui sont en revanche 29 % à demander "humanités, lettres, philosophie" contre 11 % des garçons. Les choix correspondent aussi aux niveaux scolaires, 81 % des élèves classés parmi les 10 premiers de leur classe demandent "mathématiques", ce que ne font que 25 % des élèves les moins bien notés. La demande des élèves est également déterminée par l'offre du lycée, ils évitent des choix qui les obligeraient à changer d'établissement ou à suivre un enseignement de spécialité dans un établissement voisin.

Pour l'organisation syndicale, "le poids des déterminismes sociaux, et les hiérarchies de prestige entre formations, sont toujours à l’œuvre dans le lycée Blanquer", ce qui confirme, à ses yeux, sa critique du libéralisme qui l'inspire : "Plus on laisse jouer la 'liberté de choix' dans le système scolaire, plus on a de chances d’accroître les inégalités sociales face à ce système, qu’il s’agisse d’enjeux d’orientation ou d’affectation des élèves". De plus, ajoute-t-il, ce "libre choix" est "en grande partie une fiction". 

L'analyse statistique des choix d’orientation des élèves (2ème trimestre) sur le site du SNES ici

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