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Grève du 4 avril : les tensions que génère le projet de "loi Blanquer"

Paru dans Scolaire le mercredi 03 avril 2019.

Les syndicats de la FSU (SNUIPP, SNEP, SNES, SNUEP), la fédération FO de l'enseignement, la CGT Éduc’action et Sud Éducation "appellent à faire du jeudi 4 avril un prochain temps fort de mobilisations (grève, rassemblements, manifestations...) pour obtenir l’abandon du projet de loi Blanquer".

La FNEC (FO) rappelle que ce mouvement s'inscrit dans le prolongement des manifestations du 30 mars. Elle estime que l'annonce de Jean-Michel Blanquer, "prêt à amender (s)on projet de loi" pour prévoir la consultation des enseignants avant la création d'établissements d'enseignement des savoirs fondamentaux, n'est pas de nature à répondre aux revendications ni aux inquiétudes" que suscitent ces établissements. S'y ajoute notamment un article qui prévoit que "l’instruction obligatoire peut, au cours des années scolaires 2019‐2020 et 2020 – 2021, être donnée aux enfants de 3 à 6 ans dans un (...) jardin d’enfants". Cette mesure est présentée comme transitoire, donnant un délai aux jardins d’enfants pour se préparer au passage à  scolarité obligatoire à 3 ans. Pour la FNEC, "c’est la porte ouverte au remplacement des enseignants par des personnels non qualifiés" et ces deux années ne sont pas, estime toujours la FNEC, "des périodes de transition mais des périodes probatoires qui ne demandent qu’à être étendues" pour préparer "le transfert de l’école maternelle vers des jardins d’enfants municipaux ou privés".

A Paris, le SNUIPP annonce que "sur 656 écoles, 230 seront fermées" et il estime "à 70 % le pourcentage de grévistes". Il annonce des actions communes des syndicats du 1er degré qui appellent à la grève, mais aussi avec le SE-UNSA et la FCPE Paris. A noter que des parents ont occupé, ce 3 avril, le bureau de la directrice de l’école élémentaire Tourtille (XXe arrondissement).

A noter également que les douze maires de la Métropole de Toulon ont écrit au ministre "pour lui faire remonter l’inquiétude de la communauté éducative et leur désapprobation", indique Var Matin. Ils demandent "qu’une véritable concertation soit ouverte et menée afin que puisse être entendue la voix du corps éducatif et celle des territoires". Les établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) sont "de nature à remettre en cause les principes de base de notre école publique".

A noter aussi une analyse de Laurent Frajerman (Centre d'Histoire sociale de Paris I) qui revient sur les raisons de l'hostilité des enseignants du 1er degré au regroupement des écoles et des collèges. L'historien rappelle que certains syndicats et organisations (SE-UNSA, SGEN-CFDT, FCPE, Ligue de l'enseignement) sont plutôt favorables à une "école du socle" qui réunirait les deux niveaux. Mais le projet de loi provoque une réaction de rejet car il place les écoles qui seraient concernées par la création d'un "établissement public local d'enseignement des savoirs fondamentaux" sous l’autorité du principal de collège. "C’est une rupture radicale avec un système de relations professionnelles plus démocratique auquel tiennent les professeurs des écoles."

L’affrontement "plus ou moins feutré" des identités professionnelles du 1er et de 2nd degrés "scande l’histoire de notre système éducatif". D'autre part, le projet d’école du socle "entend faire rayonner la culture du premier degré au collège" dont les enseignements seraient moins disciplinaires. "Mais par une ruse de l’histoire, c’est l’inverse qui se profile", "lorsque deux catégories d’enseignants cohabitent, c’est la mieux pourvue en capital culturel, en prestige symbolique, qui l’emporte". D'ailleurs, "beaucoup de PE se plaignent de voir les conseils école-collège (créés par la réforme Peillon, ndlr) désertés par leurs collègues du second degré et l’enseignement de l’école primaire piloté par l’aval, par les exigences de l’année de 6e". Il ajoute que le principal du collège, chef du nouvel établissement "portera la culture du second degré, inévitablement".

Une enquête menée en 2017 par l'institut de recherche de la FSU (ici) avait montré que seuls 26 % des PE soutenaient l'idée d’une unification école primaire - collège, et que 85 % d'entre eux "pensent qu’ils sont défavorisés par rapport aux autres catégories d'enseignants".

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