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Quelle connaissance avons-nous de la réalité des enfants et des jeunes : échos du printemps de la recherche et du congrès des sciences cognitives

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le jeudi 28 mars 2019.

Le "Printemps de la recherche en éducation" organisé par le réseau des ESPE et le Congrès international "Les sciences cognitives dans la salle de classe" sont l'occasion, cette semaine, d'entendre des exposés de chercheurs parfois moins connus, du moins en France. En voici des échos.

Un "symposium" du "Printemps de la recherche" avait pour objet l'écriture des enfants, mais aussi des étudiants dont l'université ignore le plus souvent les lacunes et les stratégies lorsqu'il s'agit de prendre des notes ou de rédiger un mémoire. "L'écriture scientifique doit-elle s'apprendre ?" demande Marie-Christine Pollet (Université libre de Bruxelles). Jacques David (Espé de Cergy-Pontoise) évoque pour sa part les difficultés d'élèves de collège dont le repérage est trop souvent "impressionniste". Christiane Donahue (Dartmouth College) souligne la difficulté qu'ont élèves et étudiants à transférer des compétences acquises dans un contexte à un autre contexte.

Michel Fayol (Université de Clermont-Ferrand), intervenant également dans le cadre du "Printemps de la recherche" a souligné "la précocité des inégalités", bien plus importante qu'on ne l'imaginait et dont "on ne saisit pas bien les raisons", d'autant qu' "on sait très mal cerner les interactions entre l'école et la famille". En ce qui concerne les mathématiques, il met en évidence le rôle des émotions, de l'anxiété, mais aussi l'importance des soubassements, même si on a "peu d'informations" sur la façon dont les enfants passent de l'implicite, des connaissances acquises par exemple en distribuant des dinettes à de petits ours, à l'explicite. A deux ans, les enfants n'ont pas de problème pour distinguer que "deux objets" égale "deux objets", mais "à trois - quatre ans, la quantité trois n'est pas maîtrisée spontanément". Dès lors, l'école maternelle doit travailler lentement sur de très petites quantités, avant de passer à d'autres, légèrement plus importantes, et de la manipulation d'objets à celle des symboles.

Dans le cadre du Congrès international, une série d'interventions met en évidence l'importance des interactions adultes - enfants. Stanislas Dehaene d'ailleurs s'interroge sur le rôle des dispositifs numériques, notamment des tableaux blancs interactifs et du "risque de perdre l'intention visible dans les gestes" après que Ghislaine Dehaene-Lambertz (Inserm) a souligné que les enfants apprennent à parler non pas quand ils entendent parler autour d'eux, mais quand la parole leur est adressée. Elle avait précédemment expliqué comment le cerveau se forme et évolue, "de l'utérus à l'école" et même bien au-delà. Pour Patricia K. Kuhl (Université de Washington), "les bébés sont prêts à apprendre tout", encore faut-il qu'on leur en donne l'opportunité, faute de quoi le cerveau s'arrête de progresser. Elle ajoute que le bilinguisme ne leur pose pas de problème, qu'il n'augmente pas le QI mais la flexibilité, la faculté à passer d'une aire du cerveau à une autre.

L'intervention d'Iroise Dumontheil (Université de Londres) répond peut-être davantage aux préoccupations des enseignants. Les adolescents sont "au sommet" de leurs capacités cognitives, mais ils n'en font pas toujours bon usage. La chercheuse introduit la notion de "cognition sociale". Le jeune connaît les risques qu'il peut prendre, mais n'agit pas de la même manière selon qu'il est seul ou accompagné de ses pairs. Cela vaut chez les humains, mais aussi chez les souris : un souriceau à qui on propose de l'alcool en boit davantage s'il est sous le regard de ses camarades ! L'adolescence est également marquée par une hypersensibilité à l'exclusion sociale et aux récompenses, notamment symboliques. Les émoticônes sont pour les jeunes très importantes à ce titre. Interrogée sur les réseaux sociaux, elle dit qu'ils sont la réplique de la "vraie vie", en positif ou en négatif.

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