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Enseignement privé : les syndicats amers après leur rencontre avec le cabinet de J-M Blanquer

Paru dans Scolaire le mardi 12 mars 2019.

"Mépris." Le SPELC, syndicat de l'enseignement catholique, n'est pas connu pour sa véhémence, mais Luc Viehé, son président, n'a pas de mots assez durs pour caractériser l'accueil qu'a réservé à sept organisations syndicales de l'enseignement privé, le directeur du cabinet de Jean-Michel Blanquer, le 21 février, plus d'un mois après qu'elles eurent demandé cette audience. Dans un communiqué de presse commun, la FEP-CFDT, le SNEC-CFTC, la CGT Enseignement privé, le SN-FO-EP, le SPELC, SUNDEP Solidaires, et SYNEP CFE-CGC, totalisant 99 % des voix aux dernières élections professionnelles estiment que "le dialogue social a été réel au ministère de l’Agriculture", mais que "la rencontre avec le ministère de l’Éducation nationale a été décevante". Elles dénoncent une "fin de non-recevoir", la "surdité face à la souffrance des personnels" ; elles organisaient ce 12 mars une conférence de presse.

Si toutes n'appellent pas au mouvement social interprofessionnel du 19 mars, toutes ont déposé un préavis de grève pour couvrir les personnels qu'il s'y joindraient. Elles dénoncent un "recul dramatique" du pouvoir d'achat des enseignants, moins 40 % en 20 ans. Au-delà de revendications qui se retrouvent dans toute la fonction publique ou chez leurs homologues de l'enseignement public, elles évoquent notamment les salaires des vacataires puisqu'un enseignant remplaçant un directeur d'école déchargé une journée par mois touche 9€ brut de l'heure de classe (un peu plus de 6€ net), soit moins que le SMIC, non compris les heures induites de préparation ou de correction, alors qu'il a souvent un bac+5.

Plus globalement d'ailleurs, les remplaçants sont payés sur l'ancienne grille de salaire des "maîtres auxiliaires" et lorsqu'ils sont "cédéisés", le sont parfois sur 2h par semaine. L'Education nationale n'a pas annoncé de geste en leur faveur alors que le ministère de l'Agriculture a annoncé 140 000€ pour les aider à préparer les concours. Les organisations syndicales craignent de plus que le report du concours en M2, qui rendra plus difficile encore la situation des candidats qui, dans un contexte de réduction du nombre des postes n'auront pas été reçus, augmente le nombre des non-titulaires.

La réforme du lycée les inquiète plus particulièrement. Les enseignements de spécialité vont en effet se retrouver en concurrence, et chacun devra "vendre" sa discipline auprès des élèves de seconde, avec la tentation de "surnoter" les élèves au contrôle continu de 1ère et Terminale afin de les attirer. Car faute d'effectifs suffisants, certains enseignants peuvent se retrouver privé partiellement ou totalement d'emplois, et même s'ils sont agents de l'Etat, ils ne sont pas fonctionnaires et donc ne sont pas protégés contre le chômage. "La situation est très anxiogène pour nos collègues."

Plus spécifique encore à l'enseignement privé, mais portée par toutes les organisations présentes, la demande que soit comblé un vide juridique concernant l'autorité des chefs d'établissement. Ceux-ci, contrairement aux enseignants, ne sont pas agents publics et n'ont de compte à rendre qu'à l'instance qui les installe, l'évêque ou la congrégation pour l'enseignement catholique. La moitié d'entre eux n'a pas reçu de formation à la gestion d'équipe (et la moitié de ceux qui en ont reçu une n'ont pas été nommés chefs d'établissement), alors qu'ils organisent le travail des enseignants. Que faire en cas de discrimination ? d'aberrations dans la fabrication des emplois du temps qui s'apparenterait à du harcèlement ? L'employeur, l'Etat, fait preuve d'une grande "frilosité" à ce sujet. L'enseignement agricole a évoqué la possibilité de faire intervenir le CHSCT académique, l'Education nationale "n'a pas semblé intéressée".

"De toute façon, le cabinet de Jean-Michel Blanquer part du principe que 'ça marche très bien dans le privé'. Il faudrait pourtant qu'il soit certain de notre détermination. Notre action sera progressive, d'abord ces rencontres avec les entourages ministériels, puis avec les recteurs, avant un ensemble d'actions qui pourraient s'apparenter à une 'grève du zèle' dans les établissements au mois de mai et des actions 'plus dures' au mois de juin." L'hypothèse de la grève, un mot rarement prononcé dans l'enseignement privé, est clairement évoquée.

A noter que cette réunion de toutes les organisations de l'enseignement privé, à l'exception du SNALC (qui a commencé très récemment à syndiquer dans le privé) et du SNEP-UNSA (qui se félicite de voir les autres organisations sur des questions en rapport avec le statut d'agent public des enseignants du privé), est une première "depuis très longtemps". Le mouvement des "stylos rouges" les a poussées à l'action commune (voir ToutEduc ici).

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