Formation des enseignants: André Ouzoulias et Luc Cédelle font le point
Paru dans Scolaire le mardi 30 mars 2010.
André Ouzoulias, formateur à l'IUFM de Versailles, publie un réquisitoire contre la formation des enseignants telle qu'elle sera effective dès la rentrée. Certes, la dernière "note de cadrage" de Luc Chatel "atténue les défauts les plus ahurissants du dispositif envisagé initialement. On nous annonçait que les stagiaires devraient prendre en responsabilité la classe à plein temps dès le début de l’année, sans autre aménagement, et que, lors des périodes de formation, au printemps 2011, ils seraient remplacés par des étudiants de deuxième année de master!" Mais les deux mois de "compagnonnage" en début d'année concédés par le Gouvernement sont, estime-t-il totalement insuffisants: pas de formation en alternance, et pas d'instances réflexives, de lieux pour "lever le nez du guidon"... En moins de 10 pages, après une argumentation serrée, il appelle les mouvements de protestation à "converger" pour "une réelle remise en cause de la réforme". La tribune est à télécharger à partir du site du Café pédagogique.
Parole militante? Ce n'est pas le cas de Luc Cédelle, journaliste connu pour son souci d'être attentif à tous les discours. Il tient, avec son blog, une véritable chronique des "mystères de la masterisation". Le septième et dernier en date des épisodes est particulièrement éclairant: les instructions ministérielles (la "note de cadrage" du mois de février) laisse aux recteurs le soin de trouver des solutions en fonction des moyens de remplacement dont ils disposent. "Cette question des remplacements est cruciale par ce qu’elle est le meilleur lien possible entre une réforme hyper technique, incompréhensible au commun des mortels, et les préoccupations des familles qui se demandent quels adultes seront face à leurs enfants dans les classes. En l’état, la réforme laisse ouverte la perspective suivante, que le gouvernement cherche aujourd’hui à écarter mais que tous les autres acteurs de ce dossier jugent inévitable : des débutants tout juste issus des concours d’enseignement, directement nommés sur un poste à plein temps, partant néanmoins en formation pour certaines périodes au cours desquelles ils seraient alors remplacés par de jeunes étudiants… " Il voyait (5ème épisode) une "contradiction fondamentale" à vouloir "supprimer une année de formation [professionnelle] tout en essayant de compenser cette suppression par divers moyens".
L'un et l'autre ne cachent pas les défauts de la formation en IUFM organisée précédemment.