Intelligence artificielle et éducation : qu'en pensez-vous ? (une enquête de #leplusimportant) EN CLAIR
Paru dans Scolaire le mardi 26 février 2019.
"Mettre à disposition des enseignants des outils facilitant la mobilisation de l'IA (intelligence artificielle) dans leurs démarches pédagogiques", avec, par exemple des "plateformes de partage d’outils et d’expériences entre acteurs de terrain", cela vous semble-t-il être une bonne idée ? C'est l'une des questions de l'enquête lancée par le think tank #leplusimportant. Ce "collectif indépendant" propose "des solutions concrètes aux pouvoirs publics pour développer les capacités et les compétences des personnes peu qualifiées ou déqualifiées ainsi que des enfants et des jeunes". L'IA permettra-t-elle "d’articuler l’accompagnement adapté de chaque élève et la consolidation d’un socle commun de savoirs" ? "Comment placer les enseignants au cœur des réflexions et expérimentations ? Comment encadrer l'usage et les effets de l'IA en éducation ? Comment, enfin, l'inscrire dans une réflexion plus large sur le statut des savoirs, des rapports aux savoirs et les missions de l'École républicaine ?"
Il organise le lundi 25 mars au Collège de France, un colloque sur l'intelligence artificielle et réunira "les principaux acteurs de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche, et de l’écosystème EdTechs" pour "prendre la mesure de ses apports, en particulier en matière de différenciation pédagogique". En effet, les applications de l'IA en éducation sont en train d’émerger et "elles procurent de nouveaux outils d’appui, pour les enseignants (aide à l’organisation, à l’évaluation, etc.) comme pour les élèves", des "chatbots" et des outils d'auto-évaluation notamment. Elles "facilitent la mise en oeuvre de méthodes pédagogiques ciblées", permettent d'orienter les élèves "vers des ressources non scolaires adaptées à leurs besoins", "offrent des possibilités d’expérimentations accrues".
Une vigilance particulière
Mais l’IA marque aussi "une rupture importante par rapport aux outils numériques actuellement mobilisés et appelle de ce fait une vigilance particulière", qu'il s'agisse de "biais implicites" comme des préjugés de genres "que les solutions d’IA sont susceptibles d’embarquer", ou d’effets pervers tels le "formatage des pédagogies ou des modalités d’évaluation", une "individualisation excessive" ou une "minoration des connaissances et des savoirs au profit des seules compétences". Il convient aussi d'empêcher "l’usage incontrôlé des données personnelles des élèves" et d’éviter un accroissement des inégalités scolaires ou un affaiblissement du lien social".
Le think tank envisage un autre risque à prendre en compte, de nature économique, "éviter que la puissance publique ne se retrouve en situation de dépendance par rapport à des opérateurs privés". Et il ajoute : "Il s’agit de construire une véritable vision politique de l’IA en éducation, visant à tirer parti des opportunités ouvertes tout en limitant les risques", ce qui suppose de placer les enseignants "au cœur du dispositif" et d' "impliquer toutes les parties-prenantes".
C'est pourquoi il propose aux enseignants comme aux responsables politiques et aux acteurs des EdTechs de renseigner un formulaire en ligne afin de "récolter" leurs réponses à une quinzaine de propositions, de "pas du tout d'accord" à "tout à fait d'accord". Faut-il, par exemple, "lancer une concertation avec les enseignants sur l’avenir de leur métier à l’ère de l’IA et les conséquences à en tirer notamment en matière de recrutement, formation, accompagnement des carrières" ? A chaque page est ouverte la possibilité d'un commentaire.
L'accès au questionnaire ici, ToutEduc publiera dès qu'il sera finalisé le programme du colloque et le suivra.