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A quoi sert l'école ? Les questions de la salle à Anne Coffinier et Philippe Meirieu (suite et fin du débat organisé par ToutEduc)

Paru dans Scolaire le lundi 18 février 2019.

La seconde heure du débat organisé par ToutEduc (avec PSL) entre Anne Coffinier et Philippe Meirieu le 13 février donnait la parole à la salle, mais d'abord à Marc Vannesson, délégué général du think tank Vers le Haut qui présente les principaux résultats de diverses enquêtes sur les attentes des Français vis à vis de leur école.

Leur degré de confiance vis à vis de l'institution scolaire est assez élevé, mais inférieur à celle qu'ils accordent aux hôpitaux, à l'armée, à la police. Un tiers d'entre eux ne lui fait pas confiance pour la transmission des savoirs de base, et ils sont encore plus nombreux à ne pas lui faire confiance pour lutter contre les inégalités ou transmettre des "compétences transversales" du type gérer ses émotions ou avoir confiance en soi, et moins encore quand il s'agit, au niveau lycée, de s'adapter aux spécificités des élèves. Ils souhaitent une école plus coopérative, davantage ouverte aux pédagogies alternatives, aux apports des neurosciences ou de la chronobiologie. Ils apprécieraient que soient organisés des "états généraux de l'école" et qu'une charte où seraient inscrites "les grandes finalités" du système éducatif soit adossée à la constitution.

 

 

Une première série de questions porte sur la place des pédagogies alternatives dans le système scolaire, sur la nécessité d'avoir une pensée complexe, sur le risque de fichage qui se développe dans le monde...

Pour Anne Coffinier, "on a besoin d'une variété des univers éducatifs" et il ne peut y avoir de réponse unique à ces questions. Certaines écoles doivent produire "des objecteurs de conscience", mais pas toutes les écoles. D'ailleurs Emile Combes, anticlérical, avait été séminariste, Voltaire élève des jésuites, "l'homme est libre", mais "il a besoin d'une nourriture nourrissante, structurée, ambitieuse".

Pour elle les écoles "indépendantes" ne doivent pas craindre d'être inspectées, elles doivent être "ouvertes aux observateurs", et les enseignants doivent de même ouvrir leurs classes à leurs collègues, "s'entraider entre pairs", comme en Finlande. Ceux-ci ne doivent pas renoncer au charisme, "il faut que les professeurs s'engagent dans l'acte éducatif", suscitent le désir d'apprendre chez leurs élèves. Anne Coffinier prend l'exemple de la Russie où les enseignants ont "une activité productive à côté", par exemple de création artistique, entraînent leurs élèves dans un processus créatif "qui n'est pas que dans l'école"...

Philippe Meirieu est d'accord sur bien des points, sans sous-estimer les lignes de clivage. Sur la place des pédagogies alternatives dans l'Education nationale, il répond à la salle qu'elles ne peuvent être imposées aux enseignants, avec leurs présupposés idéologiques, sans remettre en cause leur liberté pédagogique. Il reconnaît à Maria Montessori d'avoir été "l'une des premières à s'intéresser à l'attention", qui est aujourd'hui "une question sociétale majeure", mais il constate que, contrairement à Célestin Freinet, elle privilégie l'individualisme. Or, aujourd'hui, chaque parent souhaite que son enfant soit considéré "non pas seulement comme une personne singulière, mais comme une exception", ce qui suppose qu'on déroge pour lui aux règles communes, ce qui aboutit à la négation de l'idée même de règle commune.

Mais le pédagogue dénonce aussi "le caporalisme" qui prévaut dans l'école publique, "sa résistance à l'innovation" (même si toutes les innovations ne sont pas des progrès), "sa rigidité", son attachement à la forme scolaire héritée de Guizot et de Jean-Baptiste de La Salle. Dès lors, elle laisse aux écoles alternatives le soin de "réinterroger la forme scolaire". Au lieu d'être à elle-même son propre recours, elle invite les familles "qui ont des questions à lui poser à aller voir ailleurs", au risque de laisser se développer des "ghettos élitistes".

La deuxième série de questions met en évidence la question des moyens, ceux dont aurait besoin l'école publique comme ceux dont manquent les parents dont les enfants ne sont pas pris en considération. Une mère évoque le cas de sa fille qui, en maternelle, se trouve "dans un système qui ne lui convient pas", mais qui doit attendre la réponse de la MDPH. Si elle l'inscrit sans attendre dans une école Montessori, elle perd ses droits à une allocation "enfant handicapée". Une enseignante (de l'école publique) proteste contre l'idée que les écoles hors contrat constituent des ghettos élitistes alors qu'elles répondent aux besoins d'enfants dont le handicap n'est pas pris en compte par l'école publique.

Anne Coffinier dénonce une situation qui voit des parents en difficulté sanctionnés pour des raisons idéologiques, elle défend la liberté de choisir son établissement, et pour les enseignants de constituer de petites équipes unies par un projet commun. Elle associe l'enseignant fonctionnaire à l'idée, qui n'est pas "saine", de quelqu'un "qui exécute ce que la rue de Grenelle décide", au lieu d'être "libre et responsable", de "s'engager dans l'acte éducatif" comme on peut le faire avec "une profession indépendante".

Philippe Meirieu défend le statut de fonctionnaire comme ce qui, bien au contraire garantit la liberté pédagogique, mais constate qu'avec Anne Coffinier, "c'est l'Education nationale que nous accusons". C'est au sein de l'Education nationale qu'il faut trouver des solutions. Anne Coffinier défend les écoles indépendantes, "un stimulus dans une logique de complémentarité", Philippe Meirieu estime qu'il y a "des stimuli dans le service public".

 

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