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AESH : une intersyndicale pour évoquer les souffrances et dénoncer l'arbitraire

Paru dans Scolaire le mercredi 06 février 2019.

Si "dans la majorité des cas", la relation entre l'enseignant et l'AESH est harmonieuse, c'est loin d'être toujours le cas, et quoi qu'il en soit, l'absence de statut et la précarité rend souvent très douloureuse la situation des accompagnants d'élèves en situation de handicap. C'est l'essentiel du message délivré par une intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU, SGEN-CFDT, UNSA, ce mercredi 6 février, quelques jours avant les annonces que doit faire le gouvernement, le 11, à la date anniversaire de la loi de 2005. Ce 6 février est également une journée d'action avec une trentaine de rassemblements prévus devant les locaux des inspections académiques, les rectorats et les préfectures, selon le décompte du SNUIPP.

Les AESH présent.e.s (mais ce sont presque toutes des femmes), pour cette conférence de presse, témoignent de leurs conditions de travail et font état, dans certaines écoles ou établissements, d'une totale absence de considération. "On n'a pas de nom", dit l'une, "pour nous désigner, on dit 'l'AESH de tel enfant'. Lorsque l'ESS (équipe de suivi de scolarité, ndlr) est réunie, nous ne sommes pas invité.e.s", rapporte une autre qui ajoute que l'inspectrice en charge de la question du handicap, certes "un peu spéciale", l'avait prévenue qu'elle était priée de "ne pas ouvrir la bouche". Une autre évoque une AESH obligée de manger dans sa voiture car elle n'est pas admise dans la salle des maîtres, une autre sommée de "ramasser les feuilles dans la cour", ce qui n'entre pourtant pas dans ses fonctions. Certain.e.s font du ménage, des photocopies, surveillent la récréation, changent les couches...

C'est que le renouvellement de leur contrat dépend de l'avis porté par les enseignants. Faute d'une définition de leurs missions, de leurs droits et devoirs, ces personnels sont obligés de se soumettre. Leurs représentants soulignent que souvent, les enseignants sont solidaires et les soutiennent en cas de difficulté, mais la situation de dissymétrie perdure, et tous les enseignants n'ont pas envie d'entendre le point de vue de l'accompagnant.e sur l'un de leurs élèves. S'y ajoutent la mauvaise gestion des RH dans de nombreux départements. L'une d'elle raconte avoir été affectée pendant trois semaines dans un collège "où il n'y avait aucun besoin". Elle faisait de la présence dans la "salle des profs", de 8h le matin le lundi à 12h le samedi.

Faire face à la violence de certains enfants

Autre thème, les salaires. Au mieux, pour un temps plein, 1235,11€, mais ne peuvent espérer avoir 44h/semaine sur 36 semaines que les AESH dans le second degré, dans le 1er degré, ne sont comptées que les heures avec élève en classe, donc des mi-temps à 600 ou 700€. Les travaux de suivi administratif et de liaison avec les familles ne sont pas pris en compte, alors que, pour la CGT, si le travail invisible était décompté, ces temps partiels seraient des plein-temps. S'y ajoutent les formations, que les AESH sont parfois amené.e.s à payer de leur poche : "à chaque fois que nous prenons en charge un nouvel enfant, il s'agit d'un nouvel handicap, et nous devons en comprendre les spécificités." Il s'agit parfois de faire face à des situations très difficiles, avec des enfants violents qui frappent l'adulte, lui crachent dessus...

Parmi les revendications des AESH, "des formations conjointes avec les enseignants", "des choses simples qui ne coûtent pas cher", mais aussi un cadre national qui évite des contrats illégaux. Selon le SNUIPP, les syndicats ont gagné de nombreux prud'hommes, ce qui représente pour l'Etat plusieurs millions sur quelques années. Quant à la loi qui vient d'être adoptée en première lecture pour l'amélioration de l'accompagnement des élèves en situation de handicap (ici), "elle a été vidée de sa substance", estiment les organisations syndicales qui n'attendent rien des annonces à venir du ministre. La "cdéisation" ne concernera que "quelques uns", et ne permettra pas "la constitution d'un véritable métier, et d'un véritable corps", pour remédier à "une situation de maltraitance des AESH, des enseignants et des enfants".

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