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SEGPA : une structure qui évolue très lentement (inspection générale)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 27 janvier 2019.

Les SEGPA (sections d'enseignement général et professionnel adapté) devraient évoluer "en cohérence avec l'exigence d'une École inclusive et la réforme du collège", prévoyait une circulaire de 2015. En 2014, un rapport parlementaire soulignait que cette structure rendait "de grands services" à des élèves qui arrivent en 6ème en très grande difficulté, mais notait qu' "il existe très peu d’échanges entre élèves de SEGPA et les (autres) collégiens" puisque, au sein de l'établissement, "la SEGPA a ses locaux attitrés, avec des plateaux techniques de qualité très diverse, parfois vétustes ou présentant des matériels hors d’usage". Qu'en est-il aujourd'hui ? Jean‐Marc Desprez et Bénédicte Abraham, IGEN (inspecteurs généraux de l’éducation nationale) dont le ministère vient de publier le rapport estiment que "l’inclusion, individuelle, partielle ou totale, se développe progressivement et de façon très variable selon les différentes académies et établissements (qu'ils ont) visités", qu'elle peine à évoluer "sans une implication de tous les acteurs".

Les rapports antérieurs avaient décrit des enseignants "démunis face à l’arrivée en classe de 6ème d’un nombre important d’élèves" en situation de grande difficulté scolaire et qui, pour 20 % d'entre eux, lorsqu'ils atteignent leurs 16 ans, sortent "de la scolarité obligatoire sans avoir acquis les compétences du socle". Un élève sur dix n’atteint d'ailleurs même pas "le niveau le plus faible en français et en mathématiques en référence aux évaluations internationales". A noter pourtant "une hausse sensible" des poursuites d’études en CAP et, dans une moindre mesure, en bac pro.

 L'inclusion est rarement effective

Mais certains parents d’élèves du collège non concernés par l’enseignement adapté, s’opposent "de manière catégorique aux tentatives et formes d’inclusion qui tendent à se développer, parce qu’ils ont des difficultés à accepter que des élèves de SEGPA soient 'intégrés' ou 'inclus' dans la même classe que celle de leur enfant". La mission a d'ailleurs rencontré des équipes enseignantes qui ne souhaitent pas que se développent "les dispositifs inclusifs qui permettent aux élèves de SEGPA de suivre une scolarité ponctuelle, partielle ou totale, au sein des classes de collège". Elles ont tendance "à souhaiter le maintien en l’état de la structure SEGPA" qui offre aux élèves "une prise en charge séparée, proche d’un cocon". Cette vision de la SEGPA "comme un espace scolaire de relégation est encore très ancrée, comme si aucune perspective de réussite ne pouvait venir contredire les pronostics d’assignation à l’échec émis sur les enfants scolarisés en SEGPA". Résultat, l'inclusion est "rarement effective, ou reste ponctuelle pour quelques élèves".

Et pourtant les équipes qui ont expérimenté des dispositifs inclusifs, notamment en EPS, en technologie, arts plastiques, musique, langues vivantes, "font mentir" cette conviction. "Les élèves ont ainsi pu être sollicités pour répondre à des exigences nouvelles, être inclus dans des groupes de compétences ou de besoins, être moins stigmatisés tout en continuant à bénéficier dans le cadre de la SEGPA de l’aide, de l’accompagnement et de la possibilité de 'souffler' avant de mieux repartir." Cela suppose évidemment que le temps scolaire soit organisé en conséquence et que soit renforcé le travail coopératif entre enseignants.

Des enseignants qui n'ont pas les mêmes objectifs 

Autre thème abordé dans ce rapport, les enseignants qui interviennent, professeurs des écoles spécialisés, professeurs des lycées et collèges, professeurs de lycée professionnels "ne partagent pas toujours les mêmes objectifs", les premiers "visent en règle générale le CFG (Certificat de formation générale, niveau 6ème, ndlr) pour leurs élèves", les seconds visent "les compétences du cycle 4" et les troisièmes "se concentrent sur la découverte des champs professionnels implantés au sein du collège". La mission ajoute que l’enseignement de découverte professionnelle "est organisé de façon très différente" et que leur qualité repose "sur les compétences des professeurs encadrant cet enseignement".

Mais elle a découvert un outil développé par un directeur adjoint de SEGPA et "utilisé par plus de 8 600 professeurs" et concernant 90 400 élèves. Ce tableau de bord permet "l’individualisation et à la sécurisation des parcours des élèves" à l'aune des programmes du collège et il aide les établissements "à analyser l’effet de leurs actions sur les parcours des élèves". Il propose également, "sur la base de retours d’expérience", des solutions éducatives "mobilisables pour le traitement de la grande difficulté" ainsi qu' "un module de prévention du décrochage scolaire". L'inspection générale propose que l'administration le développe pour "un suivi cohérent, pertinent, efficace et surtout efficient des élèves de la SEGPA".

 Le rapport ici 

 

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