Maternelles bilingues français allemand : bilan très positif mais une évaluation à poursuivre (IGEN)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le vendredi 25 janvier 2019.
Après la signature d'un nouveau traité franco-allemand, l'Education nationale publie un rapport de l'IGEN sur le réseau franco-allemand des écoles maternelles bilingues. Lancé en 2013, "le dispositif comptait à la rentrée 2014, 120 écoles côté allemand et 73 écoles côté français", dont 63 en Alsace-Moselle. Depuis, "des demandes d’ouverture remontent régulièrement des académies" et c'est l'occasion d'une réflexion sur les apports d'une éducation bilingue. Les deux inspectrices générales signataires du rapport ne précisent si ce qui vaut pour l'allemand peut être extrapolé à d'autres langues : "Ces atouts relèvent d’une meilleure maîtrise du langage, de capacités d’écoute et de concentration renforcées, de confiance en eux-mêmes, d’une plasticité plus grande dans le passage d’une langue à une autre, de compétences de compréhension de l’oral confortées." Cet apprentissage précoce "permet à tous les élèves de s’ouvrir au monde qui les entoure, de développer leur esprit de tolérance et l’acceptation de la différence à travers la découverte d’une autre culture et d’un autre mode de vie".
Ces maternelles sont également bénéfiques pour les enseignants, elles constituent pour eux "une émulation et une ouverture vers l’international", ainsi qu' "une occasion d’approfondir une réflexion sur les apprentissages". Quant aux parents, leur attitude évolue, "selon les cas, de l’inquiétude initiale à l’enthousiasme".
En Alsace, la plupart des écoles proposent un cursus bilingue paritaire soit 12 heures d'enseignement en français et 12 heures d'enseignement en allemand, dès la petite section de classe maternelle, en Moselle, elles proposent de 3 à 9h d'enseignement en allemand, dans d'autres académies, on trouve des proportions un tiers / deux tiers ou entre "20 et 50 % de l’horaire hebdomadaire dans la langue allemande".
Le mission ne cache pas "les points qui méritent vigilance" et qui concernent essentiellement "la qualification et la stabilité de la ressource humaine" et elle insiste "sur l’intérêt de créer un groupe de pilotage national pour l’enseignement précoce des langues vivantes étrangères, de donner un cadre plus rigoureux à son déroulement par une définition de programmes et d’attendus de fin de cycle 2, d’enrichir les supports d’apprentissage et de nourrir la réflexion pédagogique des enseignants sur l’ensemble du territoire, de réfléchir à une analyse objectivée de la plus-value du dispositif par un suivi de cohorte". A noter que, hors Alsace, "la question du parcours linguistique s’est posée dès le départ, l’existence d’une telle continuité ou la possibilité de la mettre en œuvre ayant été un élément déterminant dans l’adhésion au projet et dans le choix de l’école maternelle pour implanter le dispositif". Il faut que l'allemand soit enseigné à l'école élémentaire et dans le collège de secteur, que le lycée propose "une section européenne allemande ou la filière Abibac". La mission note toutefois que "la continuité du parcours pour les élèves suivant leur scolarité en lycée professionnel ne semble pas avoir été abordée". La question de l'origine sociale des élèves (hors Alsace) n'est d'ailleurs pas évoquée dans le rapport.
La mission préconise notamment que soit menée "une réflexion sur la création d’un Diplôme Universitaire en enseignement précoce des langues étrangères afin d’harmoniser les pratiques" et que soit conçu "un mode d’évaluation pertinent et adéquat pour un très jeune public", mais aussi que soit assuré "un suivi de cohorte" jusqu'en fin de collège pour faire le bilan des compétences "en langues vivantes des élèves ayant bénéficié de cet enseignement précoce et des autres".
Le rapport "Le réseau franco-allemand des écoles maternelles bilingues Élysée 2020" ici