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"L’esprit critique ne peut s’épanouir que dans une école où l’on réfléchit…" ( Cahiers pédagogiques)

Paru dans Scolaire le vendredi 18 janvier 2019.

"Albert Jacquard nous a laissé un héritage : ‘le but de l’enseignement devrait être de fabriquer des emmerdeurs’", rappelle Gérard de Vecchi, maître de conférences en sciences de l’éducation et formateur, en conclusion de son article dans le dossier du numéro de janvier des Cahiers pédagogiques "Former l’esprit critique".

"Non, ce qui va suivre ne sera pas le énième dossier sur la manipulation de l’information, la lutte contre les ‘fake news’ et les théories du complot. […]  Nous avons surtout voulu montrer la formation de l’esprit critique. On verra que toutes les disciplines scolaires sont concernées, les sciences bien sûr, mais aussi le français ou les arts", préviennent en introduction Aurélie Guillaume-Le Guével, enseignante en collège et Jean-Michel Zakhartchouk , enseignant honoraire et formateur, tous deux coordonnateurs du dossier. Soulignant les difficultés auxquelles les enseignants peuvent se trouver confrontés, ils insistent : "il faut bien toutes les ressources de de la pédagogie active pour affronter les redoutables problèmes de la légitimité des instances de savoirs face aux représentations des élèves, ancrées parfois dans une profondeur familiale ou sociale."

Une formation précoce

Gérard de Vecchi plaide notamment pour une formation précoce à l’esprit critique : "dès la maternelle, les enfants peuvent vivre des confrontations liées à leur vécu scolaire quotidien et même des discussions philosophiques." L’auteur cite la confrontation entre la gentillesse et la méchanceté, le jeu et le travail, des questions comme "si on se trompe, peut-on dire qu’on est bête ?". Avant d’aborder un contenu disciplinaire ou une compétence, l’enseignant juge "indispensable de faire émerger les représentations des élèves, pour situer leur niveau de connaissances et de réflexion mais surtout pour repérer leurs obstacles". Au-delà des activités pédagogiques particulières, il s’interroge : "La formation de l’esprit critique n’est-elle pas aussi importante qu’apprendre à lire, à écrire et à compter ?" 

La grammaire relève-t-elle d’un catéchisme ou peut-elle être une invitation à la réflexion sur le fonctionnement de la langue ? La démarche d’investigation permet-elle de mettre à l’épreuve les représentations initiales des élèves ? Comment échapper au conformisme, sinon en remettant de la controverse, donc du vivant dans les lectures ? Et si les goûts se discutaient ?... A en croire les témoignages rapportés dans le dossier, nombre d’enseignants de tous niveaux et de toutes disciplines s’attachent à former l’esprit critique de leurs élèves mais, comme le soulignent les coordonnateurs, "il ne peut en tout cas s’épanouir pleinement que dans une école où l’on réfléchit, où l’on n’obéit pas aveuglément, où l’on recherche l’autonomie de pensée de chacun et où on se construit une citoyenneté". 

Les Cahiers pédagogiques, n°550, janvier 2019, 12€..

Colette Pâris

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