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Les sciences de la cognition obligent-elles à repenser la pédagogie ? (Futuribles)

Paru dans Scolaire le mercredi 09 janvier 2019.

"Limiter la difficulté et la fracture scolaire. Engager les enseignants vers d'autres postures (...) en passant par exemple du face-à-face au côte-à-côte. Reconsidérer le statut de l'erreur (...). Faire des enseignants des acteurs de la recherche (...)." Ces objectifs ne sont pas ceux que se donnent des militants d'un mouvement pédagogique, ils concluent la contribution de Jean-Luc Berthier sur "les neurosciences et l'avenir de l'éducation", laquelle clôt le dossier "Cerveau et apprentissage" du dernier numéro de la revue Futuribles.

Le responsable de "Apprendre et former avec les sciences cognitives" ajoute d'ailleurs parmi les objectifs de l'arrivée des neurosciences cognitives dans la classe : "Faire s'approprier par tous les acteurs de l'éducation et de la formation les connaissances clefs du fonctionnement du cerveau" car l'apport de ces sciences suppose "une modification profonde" de ces métiers : "Il ne s'agit plus seulement de se laisser guider par des intuitions dont certaines s'avèrent a posteriori justifiées - pédagogie active, bénéfice des reprises en mémoire, etc. -, mais de s'appuyer sur des données validées par la science. 

On ne devrait plus entendre dans un conseil de classe, ajoute Pascale Toscani (Groupe de Recherche de neurosciences de l’éducation, Université catholique de l’Ouest), des propos tels que "cet enfant a atteint ses limites (...), il n'a pas l'intelligence pour faire telle chose" et elle ajoute : "Accepter la plasticité cérébrale et le développement des capacités cognitives des élèves renverrait ces éducateurs vers une remise en cause de leur conception de l'apprentissage et de la réussite."

Faut-il pour autant faire aveuglément confiance aux sciences cognitives ? Elena Pasquinelli (ENS et fondation La main à la pâte) nous invite à "rester vigilants vis-à-vis de découvertes qui, en réalité, sont sans fondements", parmi lesquelles figurent les prétendues "intelligences multiples", même si, nuance-t-elle, "le cerveau ne traite pas toutes les informations de la même manière".

Il faut, nous dit Grégoire Borst (Paris-Descartes), bien voir que "le développement cognitif et socio-émotionnel de l'enfant et de l'adolescent est fondamentalement dynamique et non linéaire : les bébés ont des compétences précoces riches et complexes (...) que l'enfant ou l'adolescent, plus tard, a du mal à mobiliser, et il en va de même des compétences chez l'enfant ou l'adolescent que l'adulte peut parfois ne pas être en mesure d'exprimer." S'y ajoute l'importance du contexte : "tout l'enjeu est d'identifier comment promouvoir des environnements familiaux et scolaires enrichis cognitivement et émotionnellement pour combattre l'effet de la pauvreté sur le cerveau." Son collègue Olivier Houdé insiste sur une autre dimension des apprentissages, la résistance aux automatismes, aux allant-de-soi ; "apprendre, c'est résister" aux idées toutes faites, mais le chercheur ne s'aventure pas à partir de ce constat sur le terrain politique.

Jean-Pierre Bellier (IGEN, coordinateur du dossier) nous invite pourtant, à partir des apports des neurosciences, à "revisiter nos fondamentaux en matière d'éthique éducative" alors que les progrès de l'intelligence artificielle nous obligent à nous interroger sur les potentialités du cerveau humain, dont "nul ne peut plus ignorer (qu'il) est à la fois le siège des émotions et des affects, tout autant qu'il l'est de mécanismes interactifs de mémorisation, de traitement des informations et de résolution de problèmes".

"Ce dossier n'épuise pas le sujet", prévient dans son éditorial Hugues de Jouvenel. "D'innombrables autres questions méritent notre attention comme celle des interfaces hommes-machines, de l'impact de la diffusion du numérique et de la culture des écrans sur notre cerveau, voire des effets nocifs de 'l'héroïne numérique', celle de la manipulation des consciences (...), celle aussi de la plasticité du cerveau qui sera au coeur du dossier suivant". Celui-ci est en effet le premier d'une série. A suivre donc.

Futuribles, Janvier-février 2019, numéro 428, 160 p., 22€

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