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Mouvement lycéen : une mobilisation quasi continue à Toulouse dans une vingtaine d'établissements durant toute la semaine, soutenue par plusieurs collectifs de personnels

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 07 décembre 2018.

C'est, depuis le début de la semaine, environ une vingtaine d'établissements qui est concernée à Toulouse par la mobilisation lycéenne, initiée au niveau national notamment par trois organisations, l'UNL (Union nationale lycéenne), le SGL (Syndicat général des lycéens) et la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne), pour protester contre la réforme du bac et Parcoursup. Selon un bilan de la préfecture, 21 lycées étaient concernés par ce mouvement hier, jeudi 6 décembre 2018, et 2 d'entre eux étaient bloqués. Toujours selon la préfecture, ils étaient environ 1800 lycéens mobilisés sur l'ensemble du département de la Haute-Garonne.

Un appel à manifester avait été lancé sur les réseaux sociaux, appel auquel ont répondu quelque 300 jeunes. Le 4 décembre, ils étaient environ 500, des lycéens mais aussi des étudiants, à également manifester dans les rues de Toulouse. Cette même journée, on estimait à 2500 élèves le nombre d'élèves qui se seraient mobilisés et à 24, le nombre d'établissements touchés par le mouvement. Ce même jour, le hall d'un lycée de l'agglomération toulousaine, le lycée Saint-Exupéry de Blagnac, avait pris feu suite à un feu de poubelle. Une nouvelle manifestation est programmée ce vendredi 8 décembre 2018, en début d'après-midi, dans les rues de Toulouse.

Des collectifs de personnels appellent à suivre le mouvement

En parallèle, des collectifs de personnels et le SNES se positionnent aux côtés des lycéens tout en condamnant les violences et les dégradations, et lancent des invitations à organiser des assemblées générales, des journées de grève, tractent au sein des établissements, votent des motions en conseils d'administration pour demander le retrait de la réforme du bac. Ils sont une quinzaine à ce jour à avoir constitué des collectifs et à avoir rejoint la Chaîne des Bahuts, mouvement qui s'est créé pour fédérer, contre la réforme du lycée, les personnels des établissements sur tout le territoire français (ici).

À Toulouse-Lautrec, des enseignants rappellent qu'ils contestent depuis l'an dernier la mise en place de Parcoursup et qu'ils sont mobilisés depuis la rentrée pour le retrait de la réforme du lycée. Une assemblée d’une cinquantaine d'enseignants a voté "massivement", ce jeudi 6 décembre, pour une journée de grève et d'actions le mardi 11 décembre, journée d'appel de "la coordination des lycées en lutte" du 31 qui invite "à faire grève... se rassembler, dialoguer, débattre, informer, lutter, manifester". Ils invitent tous les lycées et leurs collègues "à amplifier le mouvement" autour des revendications suivantes : retrait de la réforme des lycées et du baccalauréat, pour un service public d’éducation égalitaire, contre la précarisation des acteurs de ce service public.

Des enseignants du lycée Stéphane Hessel dénoncent de leur côté dans une lettre ouverte au ministre, "une réforme d'un autre siècle", "qui remet en cause le principe d’équité entre les établissements ; qui finit d'enterrer la mixité sociale ; qui renforce les inégalités contre lesquelles l'École de la République a pour vocation de lutter", qui "désorganise le lycée et met fin au caractère national du baccalauréat".

Des enseignants voués à "organiser le naufrage" ?

Dans un communiqué du 4 décembre, le SNES déclare ne pas être "étonné de la contestation par la jeunesse des réformes en cours, et plus particulièrement celle du lycée, du baccalauréat, et de Parcoursup, car elles constituent, chacune à sa manière, les outils d'un tri social brutal et injuste que nous dénonçons depuis plus d'un an". "Parcoursup a laissé des traces psychiques très profondes", commente le secrétaire général académique, Pierre Priouret. Dans le communiqué, le syndicat fait d'ailleurs état, selon des données récupérées auprès du rectorat, d'un taux d'acceptation des affectations "en baisse de près de 8 points par rapport à APB (de 82 % à 74 %)". Ce "qui montre bien", poursuit le SNES, "qu'ils sont écartés de leurs souhaits de poursuite d'études". "Les lycéens ont la trouille !", poursuit Pierre Priouret qui dénonce également la "logique de choix très précoce" de la réforme du bac "qui va empêcher des orientations vers le supérieur".

Outre l'impact sur les conditions de travail des enseignants, le syndicat évoque une "dégradation" à venir "de la relation pédagogique". "Tout le monde voit bien que les programmes ne sont pas adaptés à la réalité des élèves d'aujourd'hui ! On retourne grosso modo aux programmes des années 90. Un programme d'antan ! Car non seulement nous avons des publics beaucoup plus hétérogènes mais nous avons aussi moins d'heures dans les matières. Nous, nous allons organiser le naufrage et notre mission consistera à les virer. Soit directement en les orientant hors filières générales, soit insidieusement, en les laissant choisir. Et les erreurs de parcours se payeront cash, quand ils auront perdu deux ans une fois arrivés en terminale !" Il cite l'exemple des maths, dont les programmes actuellement divergent entre les filières ES et S, les premiers ayant des maths plus simples et moins abstraites. Le passage à un tronc commun risque ainsi, commente le syndicaliste, de mener à des abandons en première. Or, pour ceux qui n'auront pas fait de maths en terminale, se fermeront des voies dans le supérieur, comme l'économie.

Le syndicat, qui appelle aussi à rejoindre la journée d'action du 19 décembre, n'exclut pas d'autres mouvements en amont, comme un rassemblement devant le rectorat.

Camille Pons

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