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Génocides et crimes contre l'humanité : les propositions du "rapport Duclert" reçues favorablement par J-M Blanquer et F. Vidal

Paru dans Scolaire, Culture le mardi 04 décembre 2018.

"Ça n'est pas gagné !" s'exclame Jean-Michel Blanquer à qui était remis, ce 4 décembre, le rapport de la "Mission d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse". Accompagnée de sa collègue en charge de l'enseignement supérieur, le ministre de l'Education nationale a souligné "la responsabilité" qui incombe aux enseignants lorsqu'il s'agit de transmettre des valeurs liées au progrès, à la science, aux lumières, à la raison pour s'opposer aux "passions haineuses et mortelles". Il souligne que le Conseil supérieur des programmes, qui n'a pas encore publié les programmes de terminale, pourra s'emparer de ce rapport qui "fait référence". Sans le citer explicitement, il pense au génocide des Tutsi au Rwanda, et demande que d'autres disciplines que l'Histoire soient mobilisées.

Il reprend à son compte l'une des proposition du rapport, instaurer dans l'année scolaire un temps pour la recherche, en s'inspirant de l'initiative d'une professeure documentaliste du lycée Maulnier de Nice, Béatrice Gilardi. Celle-ci y a mis en place une "Semaine de la mémoire & de la recherche. Les génocides du XXe siècle". A ce sujet, Frédérique Vidal souligne l'importance de "connecter recherche et formation" dans l'enseignement supérieur, car cela "rejaillit sur les élèves des collèges et des lycées". Elle insiste la nécessité d'une formation des enseignants "à et par la recherche".

Elle souligne également l'importance de la continuité de l'action publique puisqu'il s'agit de "reprendre le fil de l'ambition" initiée par Najat Vallaud-Belkacem qui, ministre, avait confiée en 2015 à l'inspecteur général Vincent Duclert la mission "d’établir un état des lieux de la recherche et de l’enseignement sur les génocides" et de "mobiliser les communautés scientifiques et enseignantes" face "aux actes de barbarie et à l’apologie de la violence", "afin d’intensifier la connaissance sur les crimes de masse, dans une perspective comparative et une compréhension globale du phénomène".

La mission a réuni quelque 65 chercheurs de 14 nationalités, et de diverses disciplines. Le rapport, 328 pages, est publié par les éditions du CNRS. Il fait de nombreuses propositions.

Voici des éléments significatifs que celles qui intéressent l'enseignement secondaire.

"La formation initiale des professeurs s’appuiera sur les enseignements dispensés par les départements universitaires, dans les ESPE dont le tronc commun peut accueillir une formation à la recherche sur les génocides, les crimes de masse, les violences extrêmes et les esclavages (...) Les personnels de direction, ceux de la vie scolaire, les corps d’inspections et les équipes de formateurs, qui tous font partie de la communauté éducative, sont également concernés par cette formation."

Le rapport préconise "la concrétisation de la décision présidentielle (de F. Hollande, ndlr) d’instaurer dans les établissements et les institutions culturelles publiques une 'semaine de la recherche sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de masse', son extension aux institutions culturelles publiques (dont les instituts français à l’étranger), et l’incitation des professeurs et des équipes à travailler dans l’esprit de l’enquête, de l’engagement et de la connaissance (...) La 'semaine de la recherche' peut lancer les ponts nécessaires entre l’école et l’université, entre la transmission de la connaissance et sa fabrique savante, entre les mémoires et les savoirs, etc (...) Elle débuterait chaque 24 avril afin de souligner, à l’occasion de la date anniversaire du déclenchement du génocide des Arméniens, l’importance de la recherche sur tous les génocides (...). Elle ne revêtirait aucun caractère obligatoire. (...) Les classes de collège pourraient privilégier la dimension d’enquête de la recherche tandis que les classes de lycée pourraient s’attacher à la fabrique des savoirs et aux nouvelles recherches nécessaires à une meilleure compréhension des faits (...) 'La semaine de la recherche' comme les ressources fournies par les CDI des établissements, les musées et site-musées, les archives et les différents types de 'Mémoriaux', les voyages et déplacement sur les lieux de l’histoire, et bien sûr le Centre international de ressources projeté par la Mission, favoriseront la formation des enseignants (...) L’histoire locale comme le passé des élèves et des établissements peuvent être exploités en profitant de l’intérêt des élèves ou du besoin d’éclairer un nom d’école ou une plaque apposée à son entrée."

Face aux élèves de toutes les classes et de tous les niveaux

La Mission recommande "une démarche de sens et de responsabilité pour l’enseignement des génocides, des crimes de masse, des violences extrêmes et des esclavages dans les classes des écoles, essentiellement en cours moyen." Mais "il convient de ne pas exposer sans préparation les jeunes élèves aux faits de destruction et de violences extrêmes (...) L’étude des mécanismes préparatoires aux génocides et aux crimes de masse peut être abordée notamment, à travers des faits de persécution au quotidien, des actes de discrimination et d’exclusion qui peuvent paraître de prime abord presque insignifiants."

"Face aux élèves de toutes les classes et de tous les niveaux, ainsi que devant les étudiants des premiers cycles universitaires, il est demandé d'accompagner toujours le récit de la destruction des personnes et des groupes – s’il doit intervenir – par une approche des refus de la violence extrême, par un exposé des réponses (par exemple pénales ou scientifiques), des résistances et des engagements de connaissance, afin non de minimiser la gravité des crimes, mais de transmettre également aux élèves des visions positives et ne pas les enfermer dans le traumatisme de l’inhumanité."

"Il importe également d’apporter dans l’enseignement des éclairages sur les dispositifs de protection des individus et des populations déployés au cours des événements (dispositifs rares mais réels) dans les démocraties (et seulement dans les démocraties), mais aussi après et avant ces derniers, en particuliers les défenses constitutionnelles contre les discriminations, les persécutions, les racialisations, les atteintes (même minimes) à la dignité, à l’intégrité et à la liberté humaines, qui peuvent contribuer à fabriquer les mécanismes idéologiques et sociaux nécessaires à l’accomplissement de la destruction. Cela suppose de souligner, par exemple, l’importance des droits proclamés dans les Constitutions démocratiques (...) Tous les enseignements disciplinaires, philosophie, histoire - géographie, EMC, SES, lettres, langues, arts,... sont qualifiés pour assumer cette formation aux savoirs et aux pouvoirs constitutionnels."

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