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"Nous devons croire que l'éducation peut encore quelque chose" (Adorno cité par P. Meirieu au colloque du SNUIPP)

Paru dans Scolaire le mardi 27 novembre 2018.

C'est avec une formule inquiète du philosophe Adorno, "nous devons croire que l'éducation peut encore quelque chose", que Phlippe Meirieu a conclu son propos, ce 27 novembre, lors de la conférence inaugurale du colloque organisé par le SNUIPP sur le thème "Enseigner : un métier d'exécution ou de conception ?". Le syndicat FSU du 1er degré l'avait en effet invité à se demander "quels sont les véritables fondamentaux de l'école". Très applaudi par une salle hostile au ministre de l'Education nationale, accusé de vouloir "mettre au pas les enseignants" et d'avoir "décrété tout seul que nous étions dans une école de la confiance", le philosophe-pédagogue a opposé termes pour termes deux conceptions de l'éducation. 

On ne peut parler de "fondamentaux" qu'après avoir parlé des "fondements", des projets fondateurs. En ce qui concerne les enseignants, il en dénombre trois, transmettre, instituer l'Ecole, faire advenir l'humanité dans l'homme (en l'occurrence dans l'élève). Pour lui, l'Ecole est un lieu où les élèves "apprennent ensemble" et elle répond à une intention politique.

Être capable de penser contre soi-même

Les activités scolaires ne sont en effet pas là pour elles-mêmes, explique-t-il en se situant dans la continuité de Ferdinand Buisson, mais "pour", "pour accéder aux textes", "pour construire une pensée", pour distinguer "savoir" et "croire", pour "le développement d'une conscience", et selon Gadamer, pour être en mesure "de donner raison à l'autre et de penser contre soi-même". Elles témoignent d'une vison de l'Homme.

A l'inverse, la conception qu'ont Jean-Michel Blanquer et son entourage des savoirs, telle qu'elle transparaît dans les tests de CP et CE1, est détachée de leurs finalités, réduits à leur efficacité. L'école forme des adultes qui seront performants dans une société marquée par l'individualisme et la concurrence, même si on y ajoute du "bien-être" pour la rendre supportable. Dès lors, la forme scolaire est marquée par l'idéal d'homogénéïté du groupe-classe hérité de J-B de La Salle, elle va chercher ses références dans des évaluations standardisées, les neurosciences et des méta-analyses qui gomment les singularités pour décrire un "être fictif". Le traitement de la difficulté scolaire est externalisé et les formes de soutien se multiplient hors de l'école.

Philippe Meirieu voudrait une école qui forme des sujets capables de résister aux pulsions pour une société démocratique, qui enseigne aux élèves à prendre le temps de la réflexion, à surseoir, et qui s'inscrive dans une pédagogie de la coopération. Cette forme scolaire est traversée "par des tensions qui la structurent", puisqu'il s'agit de construire du commun et de tenir compte des spécificités de chacun, de mettre en oeuvre une pédagogie de projet sans que celui qui ne sait pas se trouve mis à l'écart par le groupe au nom de l'efficacité...., autant de "réglages" et de difficultés à résoudre, ce qu'aucun algorithme ne fera jamais, et qui font du métier d'enseignant un "métier d'expert".

Le site du SNUIPP ici

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