Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Amélioration des résultats et du climat de classes : bilan positif d'une initiation à la classe coopérative de la 6e à la 3e (Educatec-Educatice)

Paru dans Scolaire le jeudi 22 novembre 2018.

100 % de réussite au Diplôme national du brevet, avec 1,5 point au -dessus de la moyenne de l'académie, plus aucun élève avec des notes comprises entre 0 et 5 aux épreuves écrites, diminution de l'absentéisme durant l'année, amélioration des résultats scolaires notamment chez les élèves les plus faibles, moins de décrochage et amélioration du climat de classe, tels sont quelques-uns des effets positifs observés sur une cohorte de collégiens qui ont, de la 6e à la 3e, travaillé en mode de "classe coopérative". Ce dispositif a été mis en œuvre depuis plus de quatre ans au collège REP+ Vadez de Calais. Il a été présenté mercredi 21 novembre 2018 au salon Educatec-Educatice, qui se déroule à Paris jusqu'au 23 novembre, par deux des enseignants investis dans le dispositif, Céline Scy, coordonnatrice REP+, et Guillaume Caron, enseignant en mathématiques. Ces derniers ont également valorisé ce premier "bilan" avec deux autres enseignants, dans un ouvrage publié en septembre dernier par les "Cahiers pédagogiques" : "Osez les pédagogies coopératives au collège et au lycée".

Deux constats ont présidé à la mise en place de ce dispositif, explique Guillaume Caron : "nous avions l'impression de subir l'hétérogénéité de nos classes, de ne parfois pas avoir assez le temps de nous occuper des plus fragiles, et inversement, parfois de ne pas avoir assez le temps de nous occuper des plus avancés. Et surtout, nous avions constaté un désengagement important qui se traduisait par de l'absentéisme, voire du décrochage."

Un élève devenu "expert" dans une compétence va être "ressource" pour d'autres élèves

Premier principe du dispositif mis en place : ce sont ceux qui composent la classe coopérative qui la gèrent. D'où la création d'un conseil coopératif pour chaque classe (il y en a désormais une sur chaque niveau), instance qui se réunit une fois par semaine ou tous les quinze jours et fait le point sur ce qui est positif, les problèmes de vie et d'organisation de la classe et émet des propositions d'adaptation, qui émanent autant des élèves que des enseignants "qui ont tous le même droit de parole et de vote", précise Céline Scy. L'animation (présidence, rapporteur de séance, secrétaire) est confiée aux élèves et change d'un conseil à l'autre.

Le dispositif prévoit des temps individuels de travail. Ce sont les élèves eux-mêmes qui définissent leur plan de travail tous les quinze jours : ce qu'ils souhaitent faire et les paliers qu'ils souhaitent éventuellement franchir, puisque la classe s'appuie aussi sur un dispositif d'évaluation différent de l'évaluation traditionnelle. Ces derniers doivent en effet gagner des "ceintures de compétences", déclinées par cycle (et sur un an pour la 6e) et non par année, qui permettent de valider, comme les ceintures au judo, des compétences, et donc les progrès de façon plus ludique.

L'aide entre pairs

Autre aspect de la coopération, le développement de l'aide entre pairs. Quand un élève a obtenu une compétence et est reconnu "expert", il devient "ressource" et peut être sollicité sur les temps de travail individuels pour aider d'autres élèves. Pour qu'elle soit efficace, a été menée une réflexion pour "apprendre aux élèves l'aide aux autres". "Aider nécessite parfois d'adopter des stratégies de contournement, de ne pas lever des obstacles nécessaires pour apprendre, d'assurer le principe d'une parité, de savoir faire des pas de côté et laisser faire des pas au tutoré. Or, un des écueils, notamment en 6e, c'est que le tuteur est omniprésent", observe Guillaume Caron. Les enseignants ont élaboré une fiche-guide, orientent et fournissent des ressources et font passer "des brevets de tuteurs" sur la base de mises en situations. Cette formation se poursuit par des rétroactions immédiates en classe dans des situations de coopération, et des vidéos, analysées ensuite en classe.

Sur ce dispositif d'aide entre pairs, les enseignants ont par ailleurs tenu à assurer le principe de "réciprocité". "Il est important que chacun puisse se retrouver aidant, car si ce sont toujours les mêmes, cela peut avoir des effets négatifs", explique Guillaume Caron. D'où le développement de stratégies, telles que des temps de coopérations multi-niveaux (sur des semaines à thèmes par exemple) qui permettent de transformer ceux qui n'auraient pas été "aidants" en experts pour les plus jeunes. Ce principe de réciprocité est aussi au centre d'un "rituel", le "marché des connaissances" durant lequel on demande à tous les élèves de venir présenter, sur des "stands", une connaissance, acquise ou non dans le cadre scolaire (musique, sport, connaissance scientifique...). "Temps fort de l'année qui valorise ainsi tout le monde puisque tout les autres viennent voir l'activité de chaque élève", précise encore Guillaume Caron.

Les élèves formés aux techniques de communication pour réguler les interactions

Enfin, parce que la coopération implique un fonctionnement qui suscite davantage d'échanges et de bruit, ont été établies des règles, comme des "codes sonores" selon les activités, pour ne pas dépasser un certain bruit. Les élèves sont également formés à des techniques de communication ou de non violence pour réguler les interactions particulières qui se mettent en place.

La première 6e à être rentrée dans le dispositif est aujourd'hui au lycée. Si la composition de la classe se faisait au départ par les enseignants, depuis deux ans, ce sont les parents qui doivent demander à ce que leurs enfants soit sur ce dispositif, la classe étant ensuite composée, sur la base des candidatures, afin d'assurer une certaine hétérogénéité. Selon les enseignants, une dizaine d'établissements en France ont mis en place ce type de pratique. Le collège Lucien Vadez a de son côté reçu le prix académique de l’innovation pour ses classes coopératives en mars 2018.

Camille Pons

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →