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L’accueil d’enfants en situation de handicap offre l’occasion aux enseignants de développer ce qui va bénéficier à tous (revue du SGEN-CFDT)

Paru dans Scolaire le mercredi 21 novembre 2018.

"En voulant éviter les 'cas particuliers' et parce que nous évoluons dans une société normative, on a placé l’élève au centre du système éducatif au détriment de l’enfant qu’il est pourtant avant tout." Ce propos est tiré de l’interview qu’a donnée Viviane Huys, chercheuse associée à l’université Bordeaux-Montaigne, dans le cadre du dossier consacré à l’éducation inclusive publié dans le numéro 263 de "Profession éducation", revue du SGEN-CFDT

Pour l’interviewée, coauteur notamment de "Enseignement et handicap, Défis et réponses d’un enseignement adapté" (Presses universitaires de Grenoble, mars 2018), l’accueil d’enfants en situation de handicap fournit l’occasion aux enseignants d’adopter de nouvelles postures, de recourir à des outils, des techniques valables en réalité pour tous. Individualiser, différencier ne signifie pas créer autant de supports que d’élèves, mais penser l’universalité des outils didactiques. C’est, dit-elle, le fameux exemple de la rampe d’accès qui, conçue pour les personnes à mobilité réduite, est finalement empruntée par tous.

L’enseignement spécialisé, substrat de toute innovation pédagogique

La chercheuse énumère ce qu’elle nomme "des principes permettant la prise en compte de la singularité". Ainsi, pour elle, en est-il du respect du rythme de chacun avec une diversité de progressions ou de la déclinaison d’une même notion en différents supports et modes (visuel, auditif, kinesthésique) ou bien du tutorat entre pairs ou encore d’une évaluation davantage formative et moins sommative, voire de la possibilité de disposer d’un espace personnel où se retirer quand la vie en groupe devient trop pesante ou simplement pour se reposer…

Dans ses réponses, Viviane Huys tient à rappeler que l’enseignement spécialisé est né de l’observation des enfants en grande difficulté ou déficients. Il constitue donc historiquement le substrat de toute innovation pédagogique car ce sont les difficultés qui obligent à imaginer d’autres formes pratiques et conceptuelles. Elle insiste sur le fait que ce primat de l’observation et de la prise en compte de tous les aspects de l’enfant caractérise aussi les tenants de l’éducation et de la pédagogie nouvelles.

Or, souligne-t-elle, dans le milieu scolaire ordinaire, on assimile encore beaucoup l’élève et sa progression scolaire aux compétences "à acquérir, en cours d’acquisition ou non acquises". Sont fréquemment occultées les questions relatives à sa fatigabilité, à ses profils sensoriel et émotionnel. Bref, résume-t-elle, à ce que l’on envisage comme étant l’arrière-plan de sa vie à l’Ecole, mais qui joue un rôle fondamental dans son rapport aux apprentissages. À toute penser du point de vue de l’égalité, on a oublié, explique-t-elle, la notion d’équité qui suppose de partir de la singularité de chaque enfant.

L'importance de l'analyse des pratiques

Tout le monde, affirme-t-elle, ne peut apprendre la même chose en même temps, au même rythme : ignorer cette réalité peut être préjudiciable. Chaque enfant développe une manière d’être au monde qui lui est propre, même si le développement et le neuro-développement présentent des normes indiquant ce que "doit" (les guillemets sont de l’interviewée…) être une évolution harmonieuse et correcte de l’enfant.

Pour cette chercheuse, si les enseignants, au cours de leur formation initiale, disposaient davantage de préparation psychologique, apprenaient à identifier les profils cognitifs, faisaient des études comportementalistes et s’ils bénéficiaient, au sein d’un accompagnement professionnel, d’une "analyse des pratiques" régulière - à l’instar de ce qui est mis en œuvre dans les établissements et services médico-sociaux qui accueillent les unités d’enseignement que leur affecte l’éducation nationale -, ils seraient moins démunis devant des situations de phobie scolaire, de détresse, de lenteur, et il redouteraient moins la dynamique inclusive engagée depuis la loi de 2005 et qui connaît aujourd’hui une importante accélération.

Arnold Bac

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