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Beaucoup d’enfants de familles en grande pauvreté reproduisent le parcours scolaire de leurs parents (R Felix dans L'Enseignant)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 18 octobre 2018.

"Beaucoup d’adultes en situation de grande pauvreté ont eu un parcours scolaire à l’écart de l’Ecole ordinaire." C’est ce que rapporte Régis Félix, qui a été professeur puis principal de collège et est membre du secrétariat Ecole d’ATD Quart Monde. Il s’exprime ici dans le cadre d'une interview par "L’Enseignant", le magazine du Syndicat des enseignants (SE-Unsa), qui propose un dossier Grande pauvreté et exclusion scolaire dans son numéro d’octobre (ici).

Selon ce responsable associatif, ces adultes sont passés par ces sections qui ont porté, au fil des années, les noms de "classe d’adaptation", "classe de perfectionnement", "CPPN", "SES", mais aussi "IME", "IMPRO". Ce qui, pour lui, ne veut pas dire que ces personnes montrent une déficience intellectuelle mais, tout simplement, que l’Ecole n’a pas pu prendre en charge leurs difficultés scolaires, souvent dès le plus jeune âge. "Le problème est que cette situation perdure", dit-il : "beaucoup d’enfants de familles en situation de grande pauvreté reproduisent le parcours scolaire de leurs parents." Développant son raisonnement, il insiste sur le fait que les milieux sociaux défavorisés sont surreprésentés dans les Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire) et les Segpa (sections d’enseignement général et professionnel adapté). Il poursuit : ces orientations vers l’enseignement adapté ou spécialisé se font à partir d’un constat d’échec scolaire de l’enfant, attribué trop vite à une déficience intellectuelle temporaire ou définitive à partir de critères très mal définis et dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont peu scientifiques.

Donner à l’enfant le temps dont il a besoin

Ainsi, continue Régis Félix, lorsqu’un enfant de milieu défavorisé est orienté en Ulis en fin de maternelle, est-il déficient ou a-t-il un retard d’éveil de développement qu’il pourrait compenser si on lui en laissait le temps ? À cette question, affirme-t-il, la recherche actuelle répond clairement qu’il faut donner à l’enfant le temps dont il a besoin, ce qui évitera cette orientation "hors du cursus ordinaire", théoriquement provisoire mais, en fait, définitive.

Que préconise-t-il afin d’éviter ce qu’il appelle "un gâchis humain" ? La transformation de l’Ecole dans plusieurs domaines. Celui de la formation continue des enseignants à qui il faut donner les moyens de réfléchir collectivement à leurs pratiques. Celui de la pédagogie en favorisant la coopération et en respectant le temps de chaque enfant. Celui de la gouvernance en la mettant beaucoup plus au service des enseignants pour favoriser leur esprit d’initiative.

Pour l’interviewé, le milieu associatif a sa place dans cette évolution souhaitée. Il peut être le médiateur entre l’Ecole et les parents des milieux défavorisés. Il peut également apporter la connaissance acquise à travers toutes les actions qu’il mène en partenariat avec ces personnes. Cependant, cette évolution de l’Ecole dépend de décisions politiques : une Ecole du chacun pour soi et tant pis pour les plus faibles ou une Ecole qui part du plus faible pour assurer la réussite de tous ? Cette question n’est pas posée qu’aux enseignants…

Arnold Bac

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