La "Confession d'un papillon" de J. Korczak : l'occasion d'une réflexion sur l'adolescence
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 16 octobre 2018.
"Il suffit de peu de choses à un enfant pour être heureux." C’est la constatation de Janusz Korczak, médecin pédiatre, écrivain et publiciste polonais juif lorsqu’il écrit en 1914 "Confession d’un papillon" qui est une mise en scène d’un journal intime, "un portrait psychologique crédible d’un adolescent". Il le rédige en se remettant dans la peau du jeune qu’il était avec la vision d’un homme adulte et aguerri de 35 ans.
La réédition de ce classique de la pédagogie est réalisée grâce au soutien de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature. Cette réédition est l'occasion de découvrir un autre visage de l’éducateur qu’était Janusz Korczak considéré comme le précurseur et l’inspirateur de la Convention des droits de l’enfant (1989). Elle permet aussi de se rappeler que les inquiétudes et les joies de la jeunesse restent malgré le temps qui passe, les changements qui lui sont inhérents et l’histoire à laquelle elle est confrontée. Les loisirs, les troubles amoureux, la vie quotidienne à l’école, les premiers boulots, les espoirs et l’attachement à des idoles rythment bien la pensée de tout adolescent.
En picorant dans l’intimité de ce "jeune" de la fin du XIXème siècle, il est aussi possible de trouver des interrogations intéressantes et éternelles sur l’orientation professionnelle telle que l’on se l’imagine à l’âge de la puberté : pourrai-je exercer deux métiers, "l’un intellectuel, l’autre manuel". Ou encore, "le but auquel je tends revêt sans cesse de nouvelles formes, toujours imprécises. Quand je me projette en naturaliste, j’aimerais en même temps être peintre, chanteur et que sais-je encore."
Avant tout, cet essai-témoin est un outil pédagogique qui démontre encore aujourd’hui les bienfaits d’un projet d’écriture quel qu’il soit : l’écriture de son journal est le premier pas de "l’auto-éducation". Accompagné des enfants du ghetto de Varsovie dont il a essayé de préserver la dignité même dans l’enfer grâce à l’éducation et au théâtre, Janusz Korczak a écrit des journaux* jusqu’au bout, jusqu’à sa mort au camp d’extermination de Treblinka.
"Confession d’un papillon" - Janusz Korczak – Editions Fabert – 119 pages – 14 euros
* A lire aussi : "Journal du Ghetto" (1942) Le site de l'association française Janusz Korczak, ici
Hélène Cénat